samedi 20 juillet 2019

L'ire qui s'est dissoute

J'ai connu une sacrée colère ou une sainte colère on pourrait dire aussi. Elle datait mais elle est allée crescendo jusqu'au début de l'année 2019.
J'étais seule et plus seule qu'un arbre. La télévision et mon chat étaient mes seuls compagnons de misère. C'était une époque où je regardais encore les chaînes d'infos et en juillet l'affaire Benalla a commencée à me chauffer les oreilles, a condensée ma rage. J'ai vu comment la présidente de la commission d'enquête de l'Assemblée Nationale a fermé rondement l'enquête, et sans le Sénat qui n'est pas encore sous la domination des LREM nous n'aurions pas vu mentir, beaucoup par omission d'ailleurs mais sous serment, tout ces hauts fonctionnaires. Les commentaires des soi-disant experts n'étaient pas plus probant, jusqu'à cette historienne du CNRS Isabelle Veyrat-Masson déclarant qu'il s'agissait d'un "fait divers". On vit plus tard à quel point elle avait tort. Et moi d'engueuler tout ces gens, nos élites soi-disant, à voix haute. C'est la seule fois où je me suis énervée sur Twitter où j'ai vu apparaître très vite le hashtag #TEAMMACRON qui défendait leur patron. J'étais dans une fureur noire car on pouvait évidemment comprendre les intentions de ce jeune homme Benalla de créer une milice si on avait lu un ou deux journaux libres s'il en reste, et qui s'était comporté comme tel le 1er mai 2018 exactement comme un milicien pour "aider la police" comme il l'a déclaré lui-même. C'est la définition même de la milice. Le petit gars qui se voulait l'homme du président. C'était une affaire pas autre chose Madame la directrice de recherche au CNRS et la suite l'a prouvé comme l'histoire des multiples passeports dont Benalla s'est servi pour faire du marché noir. 
Toutes ces chaînes jusque-là étaient largement macronistes et il a fallu l'arrivée des Gilets Jaunes en novembre pour qu'elles s'en trouvent un peu ébranlées. La colère du peuple se conjuguait à la mienne. On a commencé à voir des gens dans la misère sur les plateaux et pas que des nantis qui jugent de très haut et continuent cependant de le faire depuis.

J'engueulais la télé, Dieu et tout le monde autour de moi. Je lâchais des SMS et de mails furieux comme des chiens. Et ça me faisait mal en même temps. La colère avait atteint un point de non retour et finissait malade. Personne n'est fabriqué pour vivre une telle solitude. Je ne pouvais partager rien de ce qui m'atteignait au plus profond. Je n'avais plus d'interlocuteur dans une ville que je connais mal même si c'est celle de ma naissance. J'avais été abandonnée par tout, je dis bien tout les membres de ma famille après la mort de ma mère. C'était la source principale de cette ire que j'abritais et qui retombait sur tout les autres.
Ma colère datait pourtant du jour où l'on m'a diagnostiquée bipolaire en 1989. Trente ans de refus et de colère plus ou moins sourde. Maintenant j'en suis revenue. Je n'ai pas le choix et je l'admets à présent. Ce fût comme une purge incroyable. J'ai tiré dans tout les sens sans viser la cible principale. Maintenant c'est fait. Il n'y a que les gens qui ont compris ça qui sont revenus vers moi, rares mais conscient que je n'y étais pour rien. C'est difficile d'accepter d'être définitivement malade et qu'il faudra se soigner pour le reste de la vie. Ca je le sais à présent.
Je suis à présent paisible comme du temps d'avant cette maladie, ce calme dont j'étais faite enfant a refait surface et c'est tant mieux.

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