samedi 23 février 2019

TUER LE PERE et LA MERE ou la murder party de toute une famille



"Comme fils de général, Nicolas Petrovich, qui n'était pourtant pas spécialement courageux et s'était même acquis le sobriquet de froussard, aurait dû à l'exemple de son frère Paul, entrer dans le métier des armes ; mais il se cassa la jambe le jour même de son affectation, et, après deux mois de lit, il "traîna la patte" toute sa vie. Son père abdiqua toute ambition à son sujet et le laissa entrer dans la vie civile."
Pères et fils TOURGUENIEV


C'est comme un jeu et qui y gagnera ? Tuer un nom, le nom du père sans avoir à chercher du côté de la psychanalyse, puisqu'on n'est même pas dans le symbolique mais bien dans le réel et uniquement lui. Après on peut faire dans le symbolique et l'imaginaire si on veut s'amuser un peu. 
Mon père le savait que son  nom et les valeurs qui allaient avec mourraient avec lui, quand il a pleuré juste avant sa mort sur ses deux fils les soi-disant deux porteurs du nom, puisque les filles étaient censées en changer de nom en se mariant.

J'avais des parents droits honnêtes et justes, imparfaits aussi et c'est sûrement ça le mieux - même s'il s'agit aussi d'idéalisation maintenant qu'ils sont morts tout les deux. Ma mère avait "horreur du mensonge" comme elle le répétait à profusion. Comme elle l'appliquait, avec quelques mensonges par omission pour ne pas blesser tout le temps. Elle que tout le monde moquait. L'ainé qui ne venait jamais la voir. Le cadet qui n'y allait que pour s'en servir ou lui taper son blé, autre spécialité de la sœur aînée dont les enfants ont heureusement été en partie élevés par leur grand-mère qu'ils prétendaient aimer. Ah non je me trompe et raconte n'importe quoi puisque c'est moi la-folle-officielle-d'une-non-famille, celle qu'ils n'aiment pas.

Je vous explique. Déjà ils étaient réticents à l'idée que je vienne vivre ses derniers jours avec elle ma mère puisqu'elle devait aller de manière imminente, se retrouver dans une de ces sales maisons de retraites. 
J'ai travaillé dans l'une d'elle où presque tout les joyeux soixanhuitards qui sont devenus pratiquement tous des vieux cons, de sales égoïstes qui mettent pour la plupart leurs vieux là-dedans, ayant pourtant tous des maisons assez grandes pour les abriter. 
Je m'y refusais, moi (et je ne suis pas de cette génération fort heureusement), seule et n'avais pas de maison assez grande pour l'héberger chez moi. Alors j'y suis allée chez elle, cela ne me dérangeait pas, j'ai toujours aimé y être. Avant que je réussisse à déménager en un mois Paris via ici, ils m'en ont empêché pendant trois ans en me faisant enfermer, alors que comme ils le savent à présent, je n'avais qu'une seule obsession : m'occuper d'elle que je voyais décliner, seule comme elle l'était. En HP pour rien d'autre que mon inquiétude vibrante, personne ne pourra prétendre le contraire à présent que j'ai réussi à le faire et qu'elle est morte si vite, harassée !
Car j'y avais bossé dans leurs EPHAD et participé à la maltraitance des vieux pendant quelques semaines. Se dépêcher de les torcher, pas le temps de leur parler. Des mouroirs messieurs-mesdames, vous qui comptez vos visites, avec émotion, sur les doigts de vos mains qui restent blanches et pures. 
Jamais je n'aurais voulu que ma mère aille dans un truc pareil et claque son blé là-dedans. Ils étaient mes frères et sœur au moins contents que je  vienne, ça leur laissait faire de petites économies puisqu'ils auraient du payer en partie la maison  de vieux.
Mon vrai vœu c'est que les trois y finissent. Sonnent et appellent emmerdé jusqu'aux bras, des gens qui mettront du temps à venir les laver, nettoyer ce qui pue chez tout le monde.
Le cimetière de l'Est où je veux être enterrée moi aussi

Mon nom de famille est mort tué par tout ces gens-là. Mais je continue de l'aimer et de le porter, divorce oblige. Et s'ils pouvaient me tuer de leur main ils le feraient mais préfèrent que ce soient les réparateurs de folie qui le fassent.
Quand ma mère agonisait personne ne m'a appelé et personne n'est venu.
Quand ma mère est morte personne ne m'a appelé et personne n'est venu.
Quand il a fallu aller à l'enterrement personne, ni mes frères et sœurs, ni mes neveux ou nièces ne sont passés me chercher. 
Je n'y suis pas allée et comment aurais je fait, et assister à toute cette hypocrisie m'aurait sans doute fait mourir sur place ou ils avaient déjà avancé l'ambulance qui m'aurait emmené pour toujours?

Mon frère aîné a du être bien fâché de venir me chercher dans un HP luxembourgeois où ils ne m'ont gardé que vingt jours (dommage hein la famille??!!). Et je suppose qu'ils ont du lui en donner l'ordre vu son humeur dans la voiture. S'il avait pu me laisser sur le bord de l'autoroute je crois qu'il l'aurait fait. Mais je l'ai bouclé jusqu'à ma maison. Sans me retourner sur ce vomis de famille.

J'ai une ou un nouveau petit neveu. Personne ne m'en a averti puisque je suis non grata. De toute manière il ne s'appelle pas Tochet, que de loin. Il porte le nom de son père, je pense et simplement ça. Ce n'est pas suffisant ? Mais mes parents auraient été fiers d'être arrières-grand-parents. 
Moi je ne suis fière de rien puisque je suis la honte de cette famille et que je suis déjà morte.

mardi 19 février 2019

LE CANARI NOIR


Je suis le canari noir. Avec cette petite tête de piaf caractéristique, mais noire.
Je suis aussi rare, aussi improbable qu'une rose noire, en fleur merveilleuse bouturée jusqu'à l'extrême. Elle qui aura sûrement un parfum sublime ou effrayant. De la magie noire ou presque.
Mais ils y parviendront, ils la fabriqueront cette rose noire avec la persévérance dont les humains sont faits et principalement en matière de richesse. Leur obsession majeure. L'or. Ruée sur ce miroir les reflétant. Tout ce qui brille.
Les hommes forts de toute l'Histoire savent trancher entre pacotille et beauté, entre diamant et vermeil, entre émeraude et rubis. Comme Adam nomma la nature, en pire, ils en édictent la préciosité et la rareté. C'est eux qui en garantissent presque toujours la valeur. Leurs colifichets bien mieux distribués que les pierres précieuses qu'ils volent un peu partout, façon marché noir. Ceux qui trichent et le savent sont comme d'excellents joueurs de poker plutôt que comme des marchands qui respecteraient des règles.
Tous des gens âpres au gain comme il y en a eu de toujours.

Ivresse du jeu à présent en Allemagne. Poker menteur d'atroces joueurs qui se sont vertigineusement multipliés. Exponentielle de crimes avérés, prémédités dans tout les cas, avec pillages encouragés et violences acceptées en sous-main.
Dans son livre Mon Combat - Mein Kampf en leur langue d'origine - tout cela est signé, publié, lu et approuvé dès juillet 1925.
Le Meneur s'y raconte et explique là où il plongera l'Allemagne et le monde. C'est écrit et se fera. C'est maintenant.
« Je sèmerai la boue ! » a-t-il présagé.
Sacré projet !
Leur Meneur le dit haut et fort en dictateur décomplexé. Alors sous certains jours opaques on s'en souvient.
Des gens à lui profitent de toutes les naïvetés supposées d'un monde ignorant d'un tel jeu, ne sachant pas qu'ils ont à faire à des tricheurs-assumés ou peut-être le savent-ils, et aux alentours autant. Mais ils se taisent, muets d'intérêt aussi en quelque sorte, pensant pour certains : « Jusqu'où nous embobineront-ils ? ». Une nasse noire se tisse.
Pourtant ils savent qu'ils n'ont en face d'eux qu'un théâtre d'hommes ombrageux qui se prennent pour des soleils noirs. Cortès ou n'importe qui d'entre-eux gagnent forcément au nom de n'importe quelle religion. Ils ont toujours cinq as et en possèdent le droit face à des amateurs. C'est le fait du mépris.
Avec des mousquetons ou des sabres.

« Tu ne tueras point ! »
On leur avait bien dit, eux décidant de suite de la prochaine croisade.
Il y a cru pourtant Hitler en cette providence qui l'épargnera jusqu'au bout. Ses tympans n'auront sautés qu'au dernier attentat dont il fera l'objet. À quoi bon puisqu'il en réchappe simplement une fois de plus et protégé par qui au fait ? De toute manière il n'avait jamais eu l'intention d'écouter quiconque, ça c'est entendu.

Sinon en bouquet final dans un monde qui compte le geyser de l'or-noir. Liquide poisseux et opaque. Le visqueux dont on nous parle. Dont on invente la disparition depuis si longtemps en un étrange calcul, une tactique noire encore, avec des dividendes. De ce liquide qui brûle, s'enflamme au pire.
Or, c'est aussi ainsi qu'ils le nomment quand il s'agit de pétrole. Tout les chars, les jeeps, les avions, les principaux outils de la guerre ont soif et marchent à l'essence. Même synthétique elle manquera au IIIe Reich.
Vous y êtes ! « Économie de guerre ». Aveu de sa solution noire.

Je n'ai pas compris de suite que c'était ça le principal et leur seule manière de maintenir l'ordre : inventer une guerre mondiale prédite par leur Meneur. En cachant sous le tapis des meurtres annoncés, prémédités et avérés.
Ainsi tous ces gens rapaces et vains couchent le roi de l'autre supposé joueur, sans l'avoir averti du déplacement des pièces. Faussant les règles et aussi celles des échecs, en maîtres. Un nazi n'échoue pas et a toujours des tas de coups d'avance puisqu'il est peuplé de mensonges et de trafics. L'abolition de la vérité c'est l'esprit même de ce mépris.
On leur enseigne cela à l'école aux enfants allemands : la grandeur germanique et l'invasion des rats. Et c'est à peu près tout. On préfère fabriquer des brutes.
Avec de surcroît la distribution peu onéreuse de cachets de Pervitin qui suit son cours. Des amphétamines venues d'en-haut et aussi répandues que l'aspirine en cette époque. Qui désintoxiquera l'Allemagne à l'avenir s'il en reste ?
Ruissellement de défonce testée un temps sur les civils et donne à tout ces Allemands de fausses joies. Médicament qui les rend indifférents avec bonheur, ce qui compte maintenant. Cet opium synthétique, ces amphétamines que l'usine chimique Temmler-Werke-GmbH tente d'ailleurs de dealer aussi en France, un peu plus regardante pourtant, depuis l'heure verte de l'absinthe ou le vin Mariani répandu à la fin du XIXe et qui contenait de la cocaïne ou son esprit. D'autres pays songeront à copier.
D'en haut et toujours en Allemagne, ils ont décidé d'un tourbillon de victoires sous ce produit. Casser tout ce monde en guerre-éclair avec des soldats comme de plombs et tellement drogués qu'ils ne dorment plus. Quand leurs chefs de mort observent ça en mode maquette avec des playmobils.

Mais Hitler ne résume pas seul tout les monstres qui l'entourent. C'est vrai qu'on le sait expert en matière de reconnaissance du veule en nous ou eux. Un don noir. Un mensonge de plus célébré et décoré.
Ses militants font déjà comme si ça les dédouanait ou les dédouanera pour plus tard.
Leur alibi – le Meneur, qui lui se drape de plus en plus en Méphistophélès, conseillant ou convainquant Satan ou l'inverse. Son meilleur rôle dans le miroir du monde et ça laissera des traces. Hitler en mobile de ces hauts dignitaires nazis si on les attrape à la fin.
Quand à présent les voilà tous en petits-Meneurs comme on les appelle dans les couloirs et en useront. C'est leur élément de langage à eux et sans avoir à se concerter.
L'obéissance typique, ils la joueront donc en défense, dernière carte noire, au procès de Nuremberg. Dernière partie de 4 21. Prétendre à une obéissance de glace et de fer, de lèche-botte soit, de trouillards exhibitionnistes, sans rappeler à tous qu'ils prennent pour le moment un sacré pied. Ça finit par se voir.
Tout est permis !
« Combien de morts tu lui as offert ? » C'est la question riante dans les meubles de leurs administrations. Une de leur blague d'époque. En Allemand c'est encore plus moche quand les dés sont pipés ainsi.
Criminels, ils l'ont tous préparé cette défense : « Nicht Schuldig ! ».
« Non coupable ! » dit avec conviction et la sévérité nécessaire.
C'est ce qu'ils parieront au tribunal et le reste de leur vie, puisqu'ils en ont eu du temps pour beaucoup, ces nazis réutilisés ensuite par de grandes puissances. Cela à peu près sur le même ton dont ils usent maintenant en crachant ce : « Heil Hitler !». Sévères et tordus.
« Salut au Meneur ! »
Non coupable ... c'est dire. Quand personne en 1945 n'aura encore tout à fait la véritable vue d'ensemble.
Ils ne mentent pas entièrement car c'est effectivement pour lui, pour Adolf Hitler que ses hommes cherchent à séduire tout du long. Son jusqu'au-boutisme viril les enchante. Ils l'aiment tellement tous et toutes, si viscéralement. Sinon on n'y comprendra rien. C'est fort. Ils sont dans sa roue. Tous épris, pâmés, adulant. Avec des cercles s'en approchant que ces Nazis cherchent à traverser comme du feu. Perdus dans une mythologie qui finit mal en plus.
Leur Walhalla, un Élysée en flamme au bout du compte pour une révolution de l'âme qu'on souhaite voir disparaître à la fin.
Eux qui s'approchent, s'accrochent en un orgasme contenu, mené, retenu comme Richard Wagner leur chante dans Tristan et Iseult. En passion durablement stérile, morbide et qui finit en mal de mer. C'est excessif, c'est pareil, c'est noir et durera jusqu'où et quand ?
Mais Wagner mélange ses sources. Pas Hitler qui gobe tout puisqu'il a été annoncé à l'adolescence dans Rienzi autre ?uvre du même musicien. Guerre et inceste, c'est à peu près l'histoire d'un autre chef qui échoue pourtant à la fin. Tout y est prévu, même la défaite. Depuis un crime maquillé en guerre, ils retiennent tous leur souffle noir.
Les oiseaux nous lui préférerons par principe La Flûte enchantée de Mozart. Une invention de musique pour Francs Maçons à l'origine, vrais bâtisseurs et à l'opposé de tout ce barouf de casseurs. On espère la vie en musique légère.
Les nazis sont en attendant fascinés jusqu'à ne plus obéir qu'à leur passion.
Être un proche, entrer dans l'ombre, être l'épaule. Tant de stratégies pour en arriver là. Et y être dans ces vapeurs de haine. Mais bien sûr au Meneur en noir-précurseur. Avec des femmes entre sanglots et extases. Rassemblements où elles se ruent en femelles qui s'écrasent et pour attraper quoi ? Un gant de cuir souple et noir-veau ? En peau. Celle d'un adepte du végétarisme et des lois pour les animaux. Le gant d'une main cachant au moins un eczéma de longue date. La gale ?
Ils ont effectivement tous des morts à lui offrir.

À chaque anniversaire du Meneur – leur fête nationale puisque ça va jusque-là – on lui offre les enfants de l'année. Sa prochaine boucherie à horizon si proche. Moche souvenir noté au crayon noir et vite gommé.
Le Moloch à l'évidence est déguisé en Joueur de flûte de Hamelin. L'histoire de cet à peu près d'adolescent musicien justement qui entraîne avec lui d'abord les rats – l'animal - mais ensuite tout les enfants, sans que personne du village allemand ne puisse rien trouver à redire. C'est trop tard et c'est dans un conte.
Hitler va en faire une réalité, pas seulement une fable. Adolf Hitler veut appliquer un monde d'ogres, de fées et d'enfants morts à la réalité.
Oui c'est toute la mythologie du Meneur, ainsi faite de ce bric-à-brac d'histoires à dormir debout que sa mère nouait sûrement avec lui dans leurs nuits sans père – c'est d'ailleurs à son anniversaire, celui de sa mère, qu'il a fabriqué le jour de la fête des mères. Inceste initial. L'histoire lui permet un engagement d'eunuque. Une Histoire comme l'extrême-droite aime à se fabriquer, la remodeler à plaisir. Fête qui existe toujours, ici et ailleurs.
La dysmorphophobie du Meneur fait un peu comme s'il se voyait en blond à la place de la mèche noire-graisseuse qu'il lisse sans cesse et à chaque prise. Et pour les Allemands s'agit-il d'une hallucination collective ou bien quoi ?
Qui a laissé le pouvoir à cet être manifestement abject ? Des menteurs principalement ou tout ceux qui s'imaginent simplement pouvoir en profiter dans le désordre absolu de l'époque, et mine de rien. Mais qui a la paix depuis qu'ils sont installés ?
C'est un grand bal des hypocrites permanent qu'ils sont tous invités et qui dure. Ça durera douze ans. Le monde a-t-il cessé de danser depuis ? Un truc sûrement façon danse de Saint Guy dont on ne sait pas grand chose.

Tout enfant qui entre, bien obligé au final, dans la jeunesse hitlérienne, est offert à Hitler. Et ces gamins lui chantent des chansons d'amour à son nom. Chansonnettes allemandes-aryanisées totalement kitsch. Et qui dureront même après la chute du IIIe Reich. Ces enfants sont dressés en tueurs, puisqu'ils vont mourir à la fin et quand Adolf Hitler l'aura décidé. C'est prévu, et le fait principalement jouir à l'avance en toute préméditation.
Sieg Heil !
Intraduisible. Sinon en drapeau noir façon D.A.E.S.H. Un vieux truc de la terreur organisée. Une des créatures du début de votre XXIe siècle. Sacré présage. Les colombes sont en voie d'extinction.
J'invente.
Eux tous finalement plus jamais loser puisqu'ils ont tout manqué et surtout l'école à un moment ou l'autre. Hitler en détestation personnelle de l'intellectuel et de la pensée plus simplement. Médiocre jusque-là.

Son vrai talent et travaillé c'est de dire le pire de ce qui lui passe par la tête, dépasser chaque fois les limites de l'abject. Avancer un crime et attendre la réaction ou non. Cela parle aussi de son fameux talent d'orateur. Tout dire et se faire entendre, y parvenir presque étonné. Alors décider de créer une véritable médiocratie aux branches franchement complexes.
Cette Witz-là, la plaisanterie d'une époque aussi sombre. Avec leur serment obligé au Meneur comme passeport d'un pays où ils sont tous finalement enfermés. Tous bouclés en Ausweis, passeport de la race. Quelles vacances et où aller dans un monde peuplé de haines cultivées ? Presque toute l'Europe est raciste.

Adolf Hitler aime les listes, les chiffres que l'on barre comme des jours de prison. Adolf Hitler aime les chairs sans vie qu'il observe à la longue vue. On a du lui en passer dans sa salle de cinéma privée au Berghof, des films sur le gazage, la crémation, toute cette horreur matérialisée, leurs cris, leurs morts. Autre chose que les films de Mickey qu'il prétend aimer comme s'il se voulait un coeur et on se demande.
Voilà son abîme, ce serment à lui-même dans lequel il s'est plongé de toujours, de naissance.
Le truc c'est qu'il n'est loyal qu'envers lui-même et conchie le reste du monde et ça se verra. C'est déjà trop tard comme il l'a décidé. Et il a du s'en faire des promesses quand il traînait dans les rues de Vienne ou de Munich en SDF morbide.
Eux qui s'empressent de lui montrer toutes les photos depuis les Einzatzgruppen jusqu'à Auschwitz, puisque partout où il y a un Allemand en uniforme de préférence - c'est presque un pléonasme - il y aura un appareil photo et/ou mieux, une caméra. Voir leurs corps tomber en mort comme des chiffons, leurs corps nus. Alors des SS se laissent filmer pour la postérité. Même pas déguisés, même pas masqués eux.
Pornographie sanglante d'un Meneur impuissant comme il en a la certitude noire. Il s'en pourlèche comme s'il faisait envie. Sourire de dents mal plantées comme ceux qui ont traînés un peu trop dans la rue. S'il se prend pour un diable – puisque c'est son seul alibi dans le fond, et qui fera perdre du temps aux enquêteurs – il est téléguidé ? Les rôles de méchants lui donnent une raison d'être.
Les femmes pour lui se suicident d'attendre. Attente noire et visqueuse.
Tout à l'envers. C'est inhumain et il s'en targue.
« Ils se placent ! » exactement comme il est dit dans l'oeuvre au noir de ce pauvre Marquis de Sade battu à plate couture pour le coup.

La solitude de ma présence dans cette cage raconte ce temps-là évidement. Je ne suis pas si seul comme j'aime à le croire et à me plaindre. Le malheur est ancré partout en Allemagne. Ils décident de l'enraciner et de faire des Allemands le peuple le plus triste du monde et avec des méchants. Vivant dans une peur constante et entretenue comme un jardin noir. Et tuer tout les autres mondes. Je me sens réduit et pas seulement au silence.
Au pouvoir rien que des serials killers qui tous sont en quête de trésors de guerres pour le Meneur et pour eux-mêmes.
Sans avoir à rendre de compte de rien et pas de tout ces cambriolages précédés de tueries. Tuer un autre sans raison ou sinon le déposséder de tout et de lui-même comme personne n'avait pu le penser jusque-là. Les gens devenant des objets trouvés dont on se saisit comme on veut, juste à sa guise.
C'est sortir définitivement de la loi et le savoir sinon pourquoi tout brûler à la fin, un incendie de crimes qui s'envolent en fumée noire vers le haut, le très-haut.. Évidement les nazis ont préalablement détruit le judiciaire si on se le demande, lui aussi à la solde. Justice de race. Hitler leur annoncera assez tôt qu'il est devenu leur juge suprême, tout bonnement. La boucle sera bouclée. Les pouvoirs en de mauvaises mains.
L'humain ici creuse toutes les veines de la terre, la troue, la faire souffrir même au plus profond.
À la fin naîtra une lumière noire toujours. Cette torche du diamant avec sa transparence au coeur des pierres. Au fond des mines, là où il se cache principalement puisque des champs de diamants bien polis, des colliers de joailliers, on en a rarement ramassés comme des coquillages. Ni tout l'or du monde.

***

Depuis que les nazis sont là, la torture surveille toujours l'expérience. Duo mit au pinacle en cette époque. Du jamais vu. Un boulot d'alchimiste ou un truc d'ingénieur agronome qui chacun rêvent de donner des noms à leurs créations. Ces chimères d'hommes ambitieux même s'ils ne seront pas tous capturés par le mal. Explorer l'extraordinaire en un temps où l'éthique même est bâillonnée, torturée aussi en sous-main. C'est palpitant non ? Et tuer les excroissances – nature et culture.
La plupart ignorent encore que dans le monde il n'existe qu'un seul endroit où les roses noires le sont naturellement. C'est dans un petit village de Turquie, Halfeti, comme le savent les sciences nouvelles qui l'auront vérifié.
Et vite leur tourisme ira les étouffer de cet intérêt à ces humains restés cueilleurs et chasseurs, restés colons-voyageurs qui tuent même le silence. Signalant cette rose noire, je tente tous les braconniers de tout poils qui se moquent bien de l'avenir eux et tuent ensemble le rhinocéros et la forêt amazonienne. Sans ciller. Ils sont en chasse toujours et partout. Primates aux techniques avancées.
Personne ne s'explique la présence de roses noires en ce lieu unique. Quand en France la mirabelle ne s'acclimate qu'à la Lorraine. La terre elle-même ménage des surprises et des décisions parfois mystérieuses dont même les géologues ne savent pas tout.
J'ai dû de mon côté naître au mauvais endroit et au mauvais moment pour être ainsi aussi foncé de naissance. Dans la mauvaise terre ou sur le mauvais nuage.
D'ailleurs bientôt ces roses byzantines seront elles aussi menacées de disparition. La rareté aussi maltraitée que l'abondance par des hommes qui calculent tout et mal. Leur pomme, et après le déluge. Même ceux qui ont des familles. Et cela devient étrange sur ce qu'ils sont supposés éprouver pour leur descendance. Héritage à l'Américaine en donations qui rapportent. La France préférant partager les désordres même d'une famille.
Tout ce qui est précieux ici-bas – déjà que c'est eux qui en décident de la préciosité – est menacé. Un temps le sel et des épices, pour finir en rails de coke vendue par des Escobar et tant d'autres avant après. Hitler en reçoit de ces shoots. Cocktail vitaminé au réveil façon speedball.
Harasser la terre, en tuer la beauté avec préméditation. L'enfumer de pavot. La mettre aux enchères. Même l'eau se méfie.

Au XXIe siècle qui suivra, après cent ans dans les mains de savants-fous de partout, tout ces malades qui nous gouvernent, et dans nos petits mondes aussi, tout sera dérangé par des brutalités de Seigneurs. Alors, en même temps, les hommes devront s'inquiéter de toutes les disparitions d'espèces, acculées à un danger qu'ils fabriquent mécaniquement. Leur nature.
Et comment l'appelleront-ils bientôt alors, la "dé-natur(é)e", tellement elle se cassera à force ? Et ne rien faire de plus que de mettre des parenthèses pour faire chic. Des abeilles aux ours blancs. Massacres dont ils sont les auteurs. Les dirigeants. Et les gens.
Allez on casse tout au XXe siècle ! Et on réparera plus tard. Sinon on ira polluer Mars. Leurs gamins encore traumatisés et prennent quelle suite ? Mettre sous le tapis de l'Histoire comme de toujours ? Mais là ils y seront allés tellement fort, comme un devoir de lâcher des urnes, des tombereaux de cendres sur toutes leurs mers alentours, de la Baltique à la mer de Chine. Les tapis volants ça vient de là.
Se débarrasser des miasmes d'une vie atroce et méchante comme enfouir leurs déchets sous la terre en souhaitant la pourrir aussi de l'intérieur comme un matricide. Alors espérons qu'ils trouvent la bonne signalétique pour les générations de dans 100 ou 1000 ans ou 10 000 ans s'il en reste, quand ces humains auront oublié la langue des hommes qu'ils entraînent avec eux.
Comme si chaque fois le but était d'offrir toute la mouise et aussi à leur propre engeance. Vengeurs de quoi ? De ces pères qui leurs auraient laissé aussi une addition ?
Elle a bien existé l'histoire du père qui mit ses fils à l'abri et eux qui firent comme s'ils étaient les maîtres et cassèrent tout sous les yeux de ce père en larmes et qui leur avait parlé de trésor, comme le laboureur à ses enfants. Hériter peut-être un mal. Une déception. Un meurtre au final.
Alors personne n'est bien dans ce rôle du père on dirait, rien transmettre quand on y vient un jour ou l'autre (et je ne disserterai pas aujourd'hui sur le rôle de la mère).
Hitler leur donne l'image depuis assez longtemps de son impuissance victorieuse. L'oncle de la patrie l'est impuissant en vérité comme il se présente, et en sceptre. Dressé en face de tout ceux qu'il hait profondément. Les autres. Ces gens qui s'agglutinent et même ceux qui défilent l’écoeurent dans le fond. Celui qui n'a pas eu d'enfants mais les adore en mains baladeuses. Promesse et de quoi ? De têtes blondes sur des paquets de savon.

Les voilà leurs matières fécales, celles de tout un monde, mais bien conservées. Héritage nauséabond dont peuvent naître d'autres bras vengeurs. Personne n'est et ne sera à l'abri. Ce XXe siècle le prouve avec la précision d'une aiguille dans une botte de foin.
Les noms que l'on donne aux roses ou aux gens traduisent souvent des fantasmes qui ne mènent à rien, impossible à atteindre mais quand même. Et que les nazis font exister comme personne jusque-là. Il n'est plus finalement question que de défiance méchante entre eux tous car c'est elle qui dure et décide une fois installée. Et la peur paralyse les uns. Aux autres elle leur donne des raisons de tuer tous ceux qui leur font peur et pourraient les donner. Ceux qui ne sont pas à leur image.
Car les nazis ont cru pouvoir tout juger même le mystère.
En un tribunal des temps sombres d'où on chasse, s'instaure administrativement aussi à Wannsee un choix noir. Depuis cette célèbre réunion du 22 janvier 1942 on ratifie la décision déjà bien engagée de tuer tout les Juifs. La solution finale en un conseil qui a duré deux heures puisqu'il suffit de peu de mots.
Mais ailleurs et avant, des discussions dépravées déjà ont eu lieu avec vue sur des pics de montagnes noir-forêt.

Les contes de Grimm commencent souvent dans les bois. Un lieu d'abandon quand la misère pousse à se séparer. Pour se débrouiller il faut penser être seul. Hitler sans enfant, c'est s'éviter de finir comme Saturne gavé de pierres par son propre fils Jupiter ou comme César déçu par Brutus. Mâle dominant le Meneur se désigne en loup, rassuré d'avoir autour des chiens bien dressés. L'illusion noire de ce temps.
Se poursuit ainsi la permission d'effacer, de maltraiter, de tuer, d'enfouir qui bon vous semble et comme bon vous semble.
Les Nibelungen vivent sous terre et l'Allemagne aussi.

Le noir, les nazis l'abhorrent en vrai et quoi que l'on pense de cette non-couleur, même pas en barbouillis de toutes les autres, eux tous alors vont prétendre pouvoir la dompter cette nuit. Celle d'une forêt meurtrière justement. L'amour de l'électricité c'est ailleurs et pas plus clair. Quand eux savent que la nuit peut contenir le pire qui leur est pourtant nécessaire. Aveugler. L'obscurité qu'ils allument d'un mal généralisé. En flambeaux comme des veilleuses d'enfants morts. Ce noir qui ne se laisse pas faire, ne laisse jamais vraiment tranquille et même les monstres.
Dans Mon Combat vous la trouverez sûrement l'histoire d'une sorte de rose noire, comme si elle se passait de main en main. Le noir en fausse couleur qui est aimée chaque fois qu'elle est détournée.

Adolf Hitler a une peur bleue de la nuit pour y mettre tant de torches, partageant ainsi sa trouille. Quand dans ma cage je sais aussi ce qu'est la peur.
Adolf Hitler l'a déguisée en transes nocturnes et y met en scène son cauchemar qui brille en trois dimensions. Sursauts jamais dominés, sinon par ses artisans principaux, ceux qui ont l'air d'en profiter.
Leur Meneur est ainsi désigné en dieu avec sa seule image dans le miroir. Hitler gère cette image et son effroi. Et peut-être ce dernier est-il permanent, peut-être de toujours, mais là avec tous il le partage, le distribue. La peur jette des feux sombres et opaques. En litanies morbides, son monologue constant avec le Diable le rassure-t-il dans cet univers transgressif et malade ?
Pornographie d'un Meneur bien décidé à préférer le brouillard et l'étouffement façon montagne, à guetter des sommets qui l'inquiètent comme son vertige le lui dit, et s'y promener vite-fait en téléphérique.
Ne jamais arriver là-haut seul puisque la peur est là encore bien partagée. Parties de chasses ensemble dans un univers carcéral. Pour eux peut-être aussi. Là-haut quand ils s'absentent on y laisse des chiens de garde et des femmes.

Le ciel reste rouge dans le fond comme pour demander des compte à qui ?
La saleté d'un être recouvre tout. Elle tremblote en images d'hommes-ombres qui tournent tous en feux d'un seul. Coulée de lave d'un volcan fabriqué tout en détestation. Elle suinte partout la peur, autre ruissellement effroyable. L'Or du Rhin brûle et fondera jusqu'à la banquise. Tous dans l'angoisse d'une animation fabriquée au coeur d'un théâtre-d'ombres incontrôlables.
Alors ils martèlent la nuit de chants en une langue qui est devenue du vomi élu en 1933.
Rien de moins mélodieux que le discours du maître puisque les oiseaux s'en effrayent eux-mêmes. Un printemps qui ne reviendra plus et dont leur Führer a ramassé toutes les dates comme celle de sa naissance.
Où est passée l'oreille soi-disant musicale de l'Allemagne quand Adolf Hitler parle ? Une Allemagne qui en ce temps-là écoute et entend quoi dans la radio du peuple ? Radio-obligatoire comme Mon Combat offerts de force aux nouveaux époux ou à tempérament. C'est ça qui les fascine ? Casser Bach et Beethoven pour le cri de la jouissance Wagnérienne ?
Alors aussi la montée d'un orgasme collectif, vain et perdu, qui n'en finit pas. Avec un pas-de-l'oie sur lequel toute l'Allemagne dansera au final, pour bien ranger tout ça. Ordre et enfer. Ordnung und Teufel. L'Allemagne est nazie.
Le pouvoir où qu'il soit titubera de lui-même au final.

Mais douze ans de ce pouvoir, c'est extrêmement long, même si tant d'autres despotes battent et bâteront le record, inspirés. L'enfant né en 1933, à douze ans titubera en ce Berlin vide et cassé de 1945. Ou il y est mort. Six ans pour monter la guerre et six autres pour tout démolir.
En attendant tout casser comme des jouets – les empereurs avaient jusque-là agit de la même manière, en engueulades de titans moitiés cousins, et fabricants aussi de haines et de guerres pour des jalousies de cour d'école. Entre eux.
Hitler va jusqu'au bout de cette logique de princes ignorants. Tous en une décision de gosses idiots qui tourmentent les petits animaux et les achèvent. Écrasent les coquilles d'escargot avec la main. Qui se partagent le monde.

Tous ces enfants en uniformes doivent l'acheter. Hier, maintenant, ils se déguisent. On dirait comme pour se donner du courage, de l'allant. Finir en beauté, en médailles. Alors qu'ils sont dressés, j'en vois.
Imaginez leurs "rêves" à tous ces gens !? Ça ne fait pas envie.
Et même si des drogues pourraient tenter d'éloigner leurs affreux souvenirs qui se déguisent en quelles images dont nous ne saurons rien. Un morbide qui leur explose à la gueule et trop souvent. Plus personne ne percera l'inconscient de ces gens, évaporé avec eux. C'est mieux. Avec de faux rêves induis comme dans Soleil Vert – l'immonde où ils vivent, le sachant. Ils veulent les refermer sur quoi leurs visions atroces ? Les colmater ? Bien décidés à le boucler cet inconscient qui ne s'annonce pas. Et que rien ne surgisse du mal qui les inspire.
L'inconscient, oui c'est là l'impossible qui se rappelle avec malice aux bons comme aux mauvais souvenirs et joue son rôle même s'ils ont décidé d'en jeter les livres.
Tous les oiseaux sont lettrés. C'est parce qu'ils volent.
Allez-y les psys comportementalistes présents c'est sur et à venir, face à cet horizon-là du crime décidé, prémédité. La logique même du nazisme. Détournez comme vous savez la vérité ordinaire à travers aussi vos manières de faire. Traitez l'ordure. Lui vouloir un avenir.
Coprophilie généralisée ! Sans tenir compte de lui, l'inconscient justement.
L'oiseau cherche toutes les traces de la liberté et même dans les pires tombes en un esprit de vie.
Ou peut-être c'est heureux pour vous toutes ces phobies nouvelles, ces addictions bien camouflées et il vous faudra ainsi redonner plus de rendez-vous que prévu à tout ces dingues, si vous n'avez que vos solutions en un tour-de-main. Vous qui inoculez le prochain désespoir à des fins de prochaines séances courtes qui ne vous engageront surtout pas.
Face au côté sombre façon sergent-major d'une mémoire qui s'oublie, qui se lâche n'importe quand et qui dure, que faire ? Sinon devenir de bons soigneurs ou des dompteurs. Des dresseurs autant. Et c'est principalement leurs chiens qui obéissent, hein Blondie !!? La chienne berger-allemand et préférée du Meneur.
Il n'y a pas de chef et même pas en soi-même. Pas de dictateur. Pas de maître et soi-disant de lui-même. Transformation !

Eux tous démontés de l'intérieur dans un monde cinématographique. Laterna magica, qui donnerait l'air de continuer de juger ou quelque chose comme ça.
Des visions imagées, changeantes, façon kaléidoscope. Des cauchemars sentencieux, en cruauté de l'inconscient et qui tourmente aussi ceux qui conserveront des crânes, par exemple. Depuis ce bon docteur Hirt jusqu'à ces professeurs de Médecine de la faculté de Strasbourg qui au XXIe siècle nieront qu'il y ait eu conservation des horreurs des médecins nazis. Ils mentent sciemment. Mais cela se saura plus vite qu'aujourd'hui.
Des crânes de Juifs, d'enfants Juifs qu'ils tuent encore, déjà tués par leurs prédécesseurs. Avec et pour mémoire : des os et quelques bocaux troubles d'une civilisation qu'ils décident d'anéantir. C'est le projet de Heinrich Himmler et d'autres d'ériger un Musée du Meurtre quand les Juifs Européens au moins seront tous morts. Ils collectionnent avant. Déjà.
Soixante-dix ans plus tard des médecins Français continuent de couvrir les médecins nazis. Pourquoi ? Comment ? Des collègues. C'est la seule réponse, le truc de la corporation qui dépasse les bornes et que je ne respecte pas plus. Un truc d'humains pleutres. Ils ne sont pas meilleurs même si tous sont en quelque sorte suffisants.
Leurs confrères juifs ? Absents. Exilés, bâillonnés, massacrés. En oeuvre le tout est permis, aussi pour des toubibs en phase d'aryannisation. Pourquoi cela perdure ? Seuls des hommes pourront répondre, en répondre.

Mais la vérité a toujours ce souhait d'émerger, au moins un temps et comme on voudrait noyer un corps. L'inconscient est alors à son service. Ça peut déranger les plus beaux arrangements. Parfois plus dérangeant qu'un tribunal militaire. On ne s'arrange jamais et on doit lui faire face plus souvent qu'on ne le croit ou le voudrait. Enfin chez nous c'est comme ça. La démocratie nous les oiseaux n'avons pas eu à l'inventer.

Alors leur Meneur parle toute la nuit, apeuré. Jusqu'à s'écrouler de fatigue vers 4 ou 5 heures du matin. Depuis des réveils tardifs, il l'attend pourtant avec une sorte d'impatience l'obscurité. La pénombre. Quand tout les invités sont à l'écouter en pilote automatique. Pour éviter quel cauchemar ? Les leurs ? Ceux de Staline ou de Mussolini ou de Franco ? S'accaparer la mort comme ça, comme ils l'ont fait ? Je n'aimerai pas habiter dans leur tête.
Qu'est-ce qu'il leur raconte leur subconscient dont ils ne sont pas plus maîtres que nous ? Quand personne n'y échappe à part peut-être les amibes, et encore ça n'est pas sympa pour elles. Une sorte de liberté imposée en un paradoxe qui tranche justement.
Il n'y a pas encore de médicament qui détruirait ces fruits-là de ces ombres intérieures aux humains. Les rêves... Un poison qui pourrait anéantir parfaitement les images dansantes du sommeil. Une mort-aux-rats virtuelle qui les libérerait du cauchemar. Définitivement. Le circonscrirait.

Leurs psychiatres pavloviens adorent et parient sur l'existence d'une sorte de buvard bavard puisque chacun en est troublé à sa manière, agacé. Même eux. Passé mortel. Avec pourtant un « mot caché » qui les en protégera le moment venu. Devenir son propre dresseur. Cauchemar sans cage.
Un médoc qui ferait résider les rêveurs à jamais dans des fantasmes se réalisant au coeur d'une éternelle fête de la bière. Messe noire sur l'Allemagne.
Sinon plus loin, les mêmes comportementalistes peuvent effacer le monstre. Ça s'appelle la lobotomie et il ne restera plus grand chose à la fin. Ça ne suffirait même pas à un chef nazi. Sinon finalement les électrochocs qui oui effacent des pans de la mémoire, mais lesquels et pas tous.
Quand le rêve devient cauchemar puis hantise.

Le IIIe Reich s'en inspire du monstrueux à l'entrée d'un labyrinthe pour l'esprit. Les gesticulations de ces aryens, soi-disant. Race à peu près inventée pour achever un crime commun que des Allemands perpétuent comme aucun peuple n'a osé se venger jusque-là. Industrieuse rancune, leur fort. Insensée comme on y assiste.
Les marionnettistes se prétendent architectes et dévoient même la discipline pour construire leur imaginaire monstre. Le fil de leurs marionnettes est en acier trempé. Illusions qu'on croit sans menace au début.

Si on sait des crimes qui en sera le complice ? Tout un peuple, quand je n'ai pas dit tous. Et tout ces autres peuples ou leurs gouvernants ? Churchill, Roosevelt ou De Gaulle qui se sont absentés entièrement à ce sujet. Comme les dieux se replient dans L'Illiade.
Les Boches eux sont dans leur propre mythologie. Mythologie réanimée par Richard Wagner pour une tétralogie d'opéra, pas pour gouverner le monde. Tout simplement. D'autant que dans la chanson tout le monde meurt à la fin. Sauf des êtres humains les pieds dans des ruines. Le déluge avait à peine fait mieux, pour une fin dans la boue aussi.
Jusqu'à présent les alliés n'ont rien balancé, pas visé sur ce qui s'appellera Auschwitz ou Buchenwald quand les portes des camps s'ouvriront, c'est à dire vite. Mais quand tout leurs aviateurs soi-disant alliés bombardent des villes allemandes, ils ne pouvaient pourtant pas tous en faire des croquis très simples, des camps de concentrations. Ils savent, ils le savent, ils... et le dire combien de fois pour que rien ne soit entendu. Ils ne feront rien et pourquoi ? Sûrement parce qu'aucun argument ne pèsera assez lourd.
On peut savoir comme Churchill est ébranlé précocement par la lecture de Mon Combat. Il demandera un rendez-vous à Hitler qui ne s'y rendra pas. Hein ! La vérité en face du malotru qui lui aurait au moins balancé une bouffée de son cigare !?
Mais pas une seule bombe sur les rayures bien lisible d'un camp dont on sait à peu près tout d'en haut. Des tas de morts les regardent en face et sans plus de peur.

Quand ça s'arrêtera – et tous les animaux le souhaitent ici dans la ménagerie – cette grisaille, ces tremblements, la peur qui s'entend en chacun, une tristesse absolue puisque aucun de ces humains n'a l'air d'apprécier la vie plus ça va ? Terreur morne quand la peur semble si bien partagée.
Le XXe siècle en mort principalement, en violence inégalée. Avec tant de grandes premières en matière de destruction d'hommes. Tout les moyens sont bons en cette industrie là aussi.
La deuxième guerre en conséquence et prolongation de la première. Et après. Les Allemands toujours adeptes du « Schnell ! Schnell ! » ont construits des camps vite-fait bien-fait et aussitôt. Puisqu'on y a mis d'abord tous les opposants au régime.
Les riches toujours en quête d'un meilleur ruissellement, à n'importe quel prix, comme on a inventé des financiers pour se servir dans la caisse.
Se servir, bien sûr et entre soi. Rien de neuf. On invite Chanel même en Allemagne ou dans les cercles privés des hommes. « D'un château à l'autre ». C'est eux à qui il faut demander des comptes et qui n'en ont pas rendu. Les meubles aryanisés resteront en Allemagne après la guerre. Personne ne s'est vraiment excusé et pourquoi ? Des De Wendel ou des Krupp ? Familles divisées.
L'Allemagne empoignée par un homme et un cercle.
Tous ces hommes et ces femmes qui décident d'être sans loi et de n'avoir à rendre de compte à plus personne, comme s'ils étaient déjà dans l'autre monde. Un nouveau monde que personne ne mesure mieux qu'eux. Une nouvelle ère. Le XXe siècle est né sous des auspices racistes adoptés par Hitler.

Adolf a douze ans en 1901. Il est millénariste depuis lors. Avant, depuis ce passage qui n'est qu'un chiffre ajouté et sans mythe, qu'il habille de rêveries faites de de bric et de broc. Monomaniaque comme le sont certains autodidactes.
On ne pourra faire la comparaison avec rien. Un grand réseau du crime s'instaure et pour le crime. Ils rêvent du meurtre parfait dont ils ne parviendront pas à effacer toutes les empreintes.
Si on compte tous ceux qui tombent, des vivants ou des morts, tout sera à jamais marqué du sceau de l'impensable. Il ne restera que du désespoir au fond de cette boîte-là. Surtout quand à la fin de la nommée seconde guerre mondiale, ponctuée de tant d'autres, on saura de surcroît que l'on peut détruire entièrement la terre en quelques tirs.
Entrée du virtuel. Comme si Dieu était bien décidé à devenir Attila – ses gens le démontrent là entièrement. Atomisés. « C'est fini ! » dit Einstein qui a soi-disant réfléchi un pont trop loin. Comme si c'était possible en science.
En Histoire on ne doit rien oublier et pas de chercher. Il doit y avoir de la prospective en la matière, de la science-fiction. C'est sa finalité on dirait, non ? Devenir mémoire et recherche.


Mais je suis le canari noir. Alors l'histoire ne peut pas plus mal commencer.
Si j'avais au moins fait l'objet d'une expérience, j'aurais peut-être pu trouver un début de place en ce monde ou de consolation. En ces temps où en Allemagne des expérimentateurs vont en roue libre et autopsient même des vivants.
Sans plus de loi même concernant la science, la médecine délivrée du serment d'Hippocrate. Jurer à présent au Meneur. Obligation noire. À la place de : soigner, soulager, écouter. La maxime.
Une dichotomie qu'il ne faudra pas oublier de sitôt. S'en préserver à l'avenir s'il en reste, avec procès-verbaux.
Quand le malheur frappe aussi aveuglément, tout n'est pas possible. De cela je suis sûr au moins. Pas chez nous car même les vautours ont pourtant aussi des règles même ricanantes, même en habits de fossoyeurs démunis.

Moi je n'ai tout bonnement pas le bon pedigree. Je suis du hasard et de l'anomalie, elle qui vient souvent avec lui, et finissent ensemble en ghetto. D'un endroit ignoré comme celui de la rose noire ou de la mirabelle comme indices ?
Étonnez-vous, oui vous aussi qui avez un de ces canaris. Ils sont en vrai et le plus couramment d'un jaune en ton plutôt fier et qu'on a fini par spécifier comme l'homme aime à le faire. Jaune-canari, comme une nouvelle couleur et même pour les peintres.
Ou sinon pour les autres, ils parleront du Serinus canaria domestica – parmi tout ceux qui cherchent à se distinguer en latin. Pour d'autres il y a des ombres presque roses au bout des plumes tout du long d'un jaune bien plus pâle. Sinon celles qui semblent comme frisottées, comme si on avait croisé la huppe ou parfois des plumes vertes à ceux qui s'imagineraient en perroquet, un perroquet qui chanterait juste. Enfin certains d'entre-eux finissent en rouge vif. Alors on soupçonne justement et absolument le plus artificiel qui soit ou sinon la vie a parfois de drôles de rêves. Et un vrai canari rouge perdu dans nos jungles existe sûrement. Ailleurs et bien caché puisqu'il est libre.
Des inventions humaines en boutures d'animaux. Des croisements qu'ils ont multipliés pour en faire des tas de catégories, comme on l'a fait aux chats aussi, aux chiens leurs ennemis et à d'autres bêtes apprivoisées comme ils disent.
Jamais satisfaits ces humains et toujours en quête d'une lune qu'ils touchent du doigt en l'ignorant.

Moi n'ayant pas été revisité, c'est justement ce qui ne me distingue pas. Nature, mais en noir ce qui n'est pas naturel à leurs yeux. Avec moi personne n'a joué avec le feu et pourtant je brûle comme au fond d'un volcan ou du crassier des hommes. Calciné de naissance.
Étonnant, stupéfiant comme l'Allemagne Nazie ne le supporte justement pas, jamais et en aucun cas. Toutes ces têtes qui tombent quand elles dépassent de celle de Adolf Hitler ou du pied-bot d'un de ses suppléants, Joseph Goebbels publiciste en chef.

Alors j'ai honte encore là comme je vous parle et de là où je suis. Honte d'il y a longtemps. Honte d'être une sorte de petit chanteur passé par la suie ou le charbon et avec le bec pâle de tous mes congénères. En somme « dégénéré ». Une expression courante de l'époque, et d'avant et d'après mais autrement. La singularité les effrayent tellement.
C'est comme si aucun d'entre eux ne savaient quoi faire de moi ni les miens. Nous sommes perdus. Et je ne suis même pas capable d'être ce petit animal sautillant et libre qu'est le merle, même essayant d'en imiter le chant.

Nombreux sont les canaris qui n'ont jamais eu que la cage comme abri, comme nids pour certains, comme horizon. Nés voués à elle. Une fabrication de fer qui intervient même dans nos rêves comme si rien d'autre n'était imaginable. Espèces d'animaux domestiques vêtus de grilles et de perchoirs comme une seconde peau. On garde cependant tous la mémoire d'être si loin de chez nous. Comme s'il nous restait forcément des traces d'ailleurs. C'est loin. On le sait.
Les animaux n'aiment pas naître en captivité et les oiseaux non plus. Les femelles font enfermées de nombreuses fausses-couches, tristes et logiques. Sinon des grossesses nerveuses de qui a le ventre creux. Des oeufs vides comme certaines en pondent à défaut, pour passer je ne sais quel temps à les couver. La vie peut-elle naître de quelque chose d'aussi décoratif qu'un canari ?
La cage évite pourtant la peur. Le principal prédateur nous nourrit et nettoie la cage.
Pourtant – et signera un autre temps même pour les animaux – quand bientôt ça existera de ces bêtes qui choisiront de s'installer au zoo. Menacés comme si les pandas eux-mêmes le savaient. La sécurité absolue des lieux leur plaira, avec bambou à volonté. La tranquillité de l'endroit conviendra tout compte fait. Le pays du zoo est paisible et les spectateurs distrayants. Le panda appréciera.
Et les animalistes imaginent rarement ça. En reconstitution d'une nature qu'ils prétendre connaître, alors qu'ils ne font que s'en servir. Pas mieux. Toujours en chasse d'une nouvelle cause des bestiaux. Ils ne mangent plus de viande mais serrent des sacs Vuitton qui ne sont pas plus en plastique sinon les légions de contrefaçons.
L'honnêteté que poursuivent les véganes finira en disparition.
Les nazis aussi ont fait beaucoup de lois en faveur de la protection des animaux. Mais à la fin de leur guerre ils devront bien en manger du canari. Comme tout le monde !! Comme on mange du cheval ou de la terre parce qu'il n'y a rien d'autre. Et alors ? Ceux qui ont eu faim continueront de dire plutôt : « On mange de tout. » À vous de savoir si vous voulez du Charolais à volonté. Ils disparaissent en votre temps.

Donc ils n'ont jamais eu faim ceux qui déroutent le sens de la vie en une invention de nature imaginaire et bonne, un peu comme ces créationnistes qui nient le big-bang, pourtant le plus beau feu d'artifice que l'univers ait inventé. Sept jours font combien de milliards d'années ?
Ces fables de paradis plus idiotes que certains enfers.
Le loup va faire des manières si vous le laissez dehors ? Le replantez ? Et pensera à vous en remercier éternellement ? La politesse du beau linge.
Un loup qui dit merci reste un chien. On en apprivoisera comme ils casseront le pôle nord. En touristes.
Sans loup une part de la nature se trompe. Régulation dirigée, menée par les dictateurs que sont les êtres humains en face de l'animal. Eux oubliant qu'ils ne sont finalement que du gros gibier. L'Histoire leur rappellera.

Moi, pendu seul depuis des jours dans la mauvaise odeur de cette animalerie et qui happe. J'imagine tout sauf le jour. La porte qui s'ouvre en donne seulement des traits.
Les hommes ont une espèce de passion pour les animaux. Ils mangent les grands et enferment les petits. Ou l'inverse. Et pourtant je suis une exhibition devant laquelle personne ne souhaite particulièrement s'attarder et qui n'intéresse pas.
Le noir est en cette époque évoque la trace explicite de la lose. Ou de la violence.
Au pays des Seigneurs qui font leurs manifs dans un noir comme celui de la svastika. Elle à leurs fêtes sera portée en lumières obscures qui tournent, rangées. Sale retraite aux flambeaux. Uniformes noir-folie ou noir-peur de la SS d'époque.

Alors oui je suis peut-être l'oiseau-nègre comme on l'a compris vite. Noir, c'est un peu comme le chiffre 13, quand personne ne saura si je vais porter malheur tout foncé comme je suis ou leur apporter cette chance qu'ils ne pourront pas de suite mesurer.
C'est vos Djinns. C'est l'ennui. Un fer à cheval en plumes.
Et je ne suis pas un chiffre.
C'est pourquoi les hommes n'achètent pas tant de mainates, ces rois en velours noir, voilà le hic. Avec pourtant leur bec jaune d'or qui leur donne cet air effronté. Et ils parlent comme ça les amuse et quand ça les amuse puisque c'est eux qui décideront. C'est un métier. Ils font mieux qu'imiter comme leurs collègues les perroquets. Ils sont moins obéissants aussi quand ils semblent s'adresser, et restent forcément moqueurs depuis les hauteurs de leurs smokings impeccables avec plastron de lumière.

Noir et de naissance, c'est plus sûrement comme une espèce de menace dans le fond, je le sens bien. Alors j'essaye d'avoir l'air du canari le plus normal et d'une seule et même grande famille, au chant le plus beau. Pas sûr d'ailleurs que je doive exagérer dans ce sens là aussi, mes talents. Les nôtres. Chanter juste soit, ni plus ni moins. Car sinon ils pourraient s'y méprendre et m'entendre finalement en musicien du diable, en sorcier du chant.
Le noir n'aura jamais bonne presse.
Quel corvidé aura fauté avec la mère-canari ? Personne ne le saura. Un merle ? Une pie plus petite que les autres et plus noiraude ? Quelle confusion, quelle maladresse génétique ?
On voit bien qu'entre oiseaux on se parle un espèce d'espéranto qui marche entre nous tous et au moins nous renseigne, nous averti. Dans les villes et par principe on ne chante pas avec les pigeons. Au dessus du Paris de la France il y a une vraie volière jusqu'aux éperviers qui planent sur le quai de l'horloge, justement.

Pourtant les canaris servent à deux choses. On leur a fixé deux missions principales. Celle d'animal de compagnie au chant qui peut triller si formidablement quand nous sommes de belle humeur. En note qui dépasse notre coffre si étroit. La force du chant qui reste un mystère, et pas besoin de micro. A capella. À l'heure des cages accrochées aux fenêtres des beaux jours qui les gardent ouvertes, là encore pour nous laisser baigner dans une illusion.
Noyés d'air et de lumière. Absorbés et joyeux. Il vient de là ce babillage d'oiseau qui semble s'y être fait à la misère d'un monde rayé forcément rayé.
Un dehors mais toujours barré de grilles. Accrochés. Et on entend nos chants le plus souvent avant d'avoir vu la cage. Les chants les plus beaux viennent parfois de derrière des prisons en grillages.
La cage aura l'exacte dimension qui nous permettra seulement d'étendre les ailes, sautiller pas plus et nous d'étirer un bec encore mouillé. Pourtant il y a des volières qui sont les mêmes enfermements avec des vols comptés aussi mais autrement. Collisions d'oiseaux.
Ce canari-là porté par le soleil en personne sera soigné aux petits oignons. Celui qui cogne avec son bec contre l'os de seiche ou grappille le quartier de pomme coincé entre deux de ces barres en fer, tout ça avec un air joyeux.
Est-ce qu'on nous aime nous les oiseaux ? Sinon l'envie, sinon le rêve que nous portons en nous, même quand ils nous ont ôté les ailes. Léonard de Vinci contenant tant de génie à lui seul y aura aussi songé, inventé, noté, calculé. On nous jalouse alors on nous enferme. Personne n'en meurt, mais quand même.

Sinon dans les pays miniers se joue un double jeu. On change d'ambiance et c'est moins la rigolade d'oiseaux qui ne volent plus. C'est notre autre métier quand n'importe quel moineau aurait fait l'affaire, un fardeau pas lyrique.
Je serai dans cette cage que l'on pose dans le coin d'un des murs de la mine, en roches et en dangers. Là où il leur faut creuser. C'est moi qui décide il semblerait. Ils portent la cage dans cet ascenseur où même un cheval peut entrer. Pas plus heureux que nous au fond du gouffre.
Le canari devient l'alerte, le signal. Et c'est sa mort qui compte, c'est elle qui parlera ou pas. Elle qui permettra la vie quoi qu'il en soit. Celle de l'oiseau. Celle de ces mineurs attentifs. Tous à m'observer dans le noir du fond à peu près.
Une gueule-noire en silence ou pas mais qui regarde, avec l'affection qu'il porte au canari – il en a un chez lui.
Drôle d'oiseau familier choisi pour les prévenir du danger, du coup de grisou. Martyre, c'est au sol qu'avec certitude l'oiseau peut avoir presque aussitôt la réponse en souffle court comme notre cage thoracique n'y peut mais. La plus petite trace nous tue. C'est rapide. La mort vient en réponse, en info. Sacrifice interdit quand il n'y aura même plus de mineurs, pas sacrifiés eux pour le coup !?
Le canari mort leur dit à tous qu'il faut se barrer fissa et creuser ailleurs.
Le canari qui voyage avec eux, restera étonné chaque fois et préfère entendre le bruit presque rassurant des piolets.
Quand ce canari qui gît-là au fond de la cage, semble presque heureux. Il a l'air de regarder seulement un horizon de cailloux. Il n'a pas le choix.
Pourtant les oiseaux même enfermés de toujours songent à voyager. À ce canari la mort lui aura donné peut-être l'impression de voler un seul instant. Juste un et sans avoir eu à bouger les ailes qu'elle lui rend à la fin.
Il n'y a que des mineurs pour songer à nous pleurer.

Tandis que j'attends vaguement sur le perchoir et quoi ? Je m'habitue à moi-même.
Je resterai sûrement comme une vieille mascotte, un truc empaillé déjà de mon vivant et de toujours. Figé dans cette odeur de foin et de chiures, avec des voix secrètes. Elle me vient la nostalgie de tous ceux dont on ne veut pas. Isolés, pas seulement, ça n'est pas suffisant.
***
« Vous n'avez pas la paire ? »
C'est quoi ce petit bonhomme razmotte aux lèvres minces avec une sorte de tout petit sourire, moche et méchant diraient les gosses s'ils n'étaient pas bâillonnés et en Allemagne plus qu'ailleurs. Rictus permanent comme la lame l'aura dessiné. Amusé et de quoi en notre temps ? Sourire figé en bassesses signées. Étincelles de mort dessinées. C'est compliqué.
Même suicidé – comme c'est son avenir – il l'aura encore petit ce sourire-là de qui a tout perdu, tout manqué, tout envié et est mort dans sa petitesse monstrueuse puisqu'elle a trouvée des échos. Comme dans de la gerbe et pour l'éternité.
Cet homme semble avoir pris un très mauvais pli. Comme si personne ne lui aurait appris autre chose que la jalousie et l'envie rieuse de qui se contentera du pire. Bien décidé d'en rester là. De mèche avec le mal comme on le voit tout de suite.

Serait-ce encore l'histoire d'un garçon moqué ou ignoré, le pire, et dont il garde les traits replets, poupins, qui lui ont fait venir des rages intérieures inexplorées ? Les laissant exploser en lui comme du pop-corn. On ne crie pas du dedans. Certains hurlements sont des métamorphoses pour ceux-là et qui les mèneront à la haine, bien décidés. C'est plus commun qu'on ne voudra bien l'admettre.

Elle peut être confortable la détestation. On s'y pose tellement moins de problèmes. On les résout en effaçant comme sur la photo. En annulant, en mentant, en égorgeant. Oui tous bien décidés. Armés rien que par des contresens pour des incompétents notoires et pour la seule raison du plus fort. Tous en revanche personnelle qu'ils essayent de dater. Une Histoire qu'ils inventent pour mieux se déguiser et jouer de sales tours.
Les uns en blanc comme le Reichsmarshall Göring, blanc-cuistot, et d'autres en noir, certains mais les mêmes en caca-d'oie qu'ils ont appelé brun, du nom de la fiancée du Meneur, Braun Eva. La gerbe encore.

Les meurtres en ces temps se passent comme des patates chaudes. Ainsi aucun nazi seul ne sera finalement responsable. Il a juste à la faire passer au voisin. Jusqu'aux Sonderkommando en bout de chaîne qui enfournent les leurs.
Ils ont envahi ainsi leur monde et tout le monde de mots moches. Des mots soi-disant et pires que la fiente qui brûle déjà suffisamment ! On se demande...
Dès qu'on emploie des mots, qu'on les tord en objets au service de vos communi-cations – façon Goebbels votre grand-maître en matière de réclame, de com' à laquelle pourtant personne ne songera à faire référence. Vos éléments comme on dit excrément, en juxtaposant. Surtout l'extrême droite.
Parce que les mots meurent aussi faute de s'adresser en un fourre-tout de fumier sur lequel vous vous moquez de nous. Ça restera de la propagande.
Alors ce seront des Juifs qui porteront des Juifs des douches aux fours crématoires made in Germany. Ceux de ces Allemands qui ne peuvent pas tout ignorer puisque ça ne pue pas qu'en Pologne.

Vous voyez !? Ça tourne assez pour vous ??
Peloton d'exécution où chacun tire où il veut. En haine impensable.
C'est peut-être la première fois et peut-être de l'Histoire du monde où il n'y a rien de sous-entendu. Rien de quelque chose qui excuserait quoi que ce soit. Rien qui ne défausse. L'impardonnable est avancé comme aux dames. Fabriquer un vaccin de haine, pas pour en guérir pour y vivre. Comme s'ils savaient tout et qu'ils songeraient à d'emblée coloniser l'Amérique du Sud amie et en lousdé.
Propagande... Rumeur... On-dit... Chasse d'allumée... Enquêtes avec des documents réels et déclassifiés... Complots à force d'avoir tout gardé entre vous et vos progénitures... Les humains vivent en caste... Réseau si compliqué qu'il nous perdrait... Rien ne se donne et tout se paye... Le maître étalon, l'argent... La si vieille histoire d'homme dont tous connaisse la fable, mais veulent prendre le premier avion...
Tous au Château finalement, puisque chaque tyran s'en fabrique ou occupera les meubles de l'ancien tyran. Ou ils s'en fabriqueront de plus beaux de monuments et y inviteront même leurs costumiers.

Les animaux de l'animalerie sont pour beaucoup exotiques comme ils aiment à le spécifier. Un ailleurs qu'ils enferment quand il est beau ou quand il a des ailes.
Quand la génération de votre présent, tous ceux qui ont eu vingt ans sous Hitler et qui disparaissent un à un maintenant, comme des bougies. Les meilleurs et les pires. Les papiers parlent autrement. Ces documents massues et déclassifiés.
La solution finale, on en a eu la preuve écrasante. La seule preuve d'une destruction massive de Juifs parce que Juifs. Controverse européenne enfin résolue.
La SS et beaucoup plus de la Wehrmacht, l'armée régulière, qu'on ne le croit, ces gens s'aveuglent d'un antisémitisme viscéral, ancestral. On ignore toujours comment il peut se fabriquer d'aussi loin.
Les Allemands construiront l'acharnement industrieux jusqu'aux dernières heures de l'Allemagne. La vérité gît dans un des camps. Tout le reste de l'Europe se tait.
En un détail qui est la preuve d'une haine dans leur chair, dans ce formol qui coule en eux à la place du sang.
La mort là n'a plus besoin de preuve, elle est la preuve. C'est leur haine qui brûle. Jamais le soleil ne se lève sur Buchenwald et ailleurs.
Et comme le poids d'un corps mort est lourd à ces malheureux qui porteront l'immonde d'un monde qui fera brûler les leurs à la chaîne de maîtres qui se lavent les mains dans de la bière et du foutre.
Tués ces Juifs à leur tour, abattus et remplacés par d'autres étouffés à leur tour.

Ces hommes-là de la SS mènent un bal d'enfer, et tous ceux qui gardent les yeux mi-clos, tous ceux qui devront aller jusqu'au bout sont perdus. Trop tard.
Ils pensaient avoir le grand choix et resteront enfermés dans la maladie.
Ils finiront tous comme des rats – en espérant que ces derniers ne m'en voudront pas non plus de la comparaison qui les a fabriquée. À eux aussi ils ont toujours donnés le mauvais rôle.
Mais ça, ce qui vient en toute certitude, c'est la destruction totale. Même ceux qui «savaient» mais qui n'y étaient pas – et pas pour les raisons les plus justes, comme Hitler qui télécommande sans signer rien. Voyeur ignoble. Oui principal méchant organisateur, instigateur d'un meurtre dessiné depuis longtemps en lui.
Mais personne ne peut, sincère ou menteur, s'y attendre à un tel décor du mal. Personne. À qui a gardé un pan d'humanité.

Le petit homme à lunettes sourit toujours.
Le crime monstre dans le ventre du XXe siècle et ses bagarres invraisemblables jusque-là. Ce qui se fabriquent dans ces camps.
Tous ceux qui n'y sont jamais allés, les civils allemands qu'on a forcé à regarder l'étendu des dégâts puisqu'ils étaient bien décidés à l'ignorer ce voisinage. Et ne pourront pas tout à fait en revenir puisqu'ils l'ont sous les yeux leur participation. Leurs silences.
Les on-dits c'était ça. Les odeurs aussi. Les scènes de tortures entrevues, les cadavres brûlés.
À droite de Nuremberg le camp de Flossenberg. Au sud celui de Dachau. Au nord Buchenwald. Quand à l'est de l'est c'est le camp du Struthof, caché dans les forêts alsaciennes. Rien que pour l'Allemagne.
Alors ces Allemands en voisins sont promenés au milieu des cadavres et certains tomberont littéralement depuis l'horreur de l'inimaginable si bien calibré. Mais aussi surpris que ça ? Sinon ils n'auraient pas continué de le cacher, l'assimiler, sans se poser suffisamment de question.
La vie continue et l'économie allemande se porte juste un peu mieux. Pauvreté généralisée qui sert les tyrans.
Elle les concerne pourtant tous pour toujours. C'est d'abord leur Histoire. Une Histoire d'hommes. Et derrière ce brouillard acide fabriqué par Goebbels, tout le monde se doute en claquant du bec.
Et nous aussi plus tard, toutes les générations qui suivront. Il y a croire et voir.

Quand on observe cependant les notables du monde des chefs du national-socialisme visitant les camps, les mêmes, ils ont la décontraction d'être dans le vrai comme on peut le voir. Indifférence qui dépasse l'entendement.
On dirait que ce bonhomme a un sourire qui ne s'adresse qu'à sa propre satisfaction. Heinrich Himmler en responsable de l'affaire, et aurait vomi au moins une fois dans un des camps, pas encore habitué.
Il s'endurcira. Et si s'habituer c'est avoir gagné, remporté toute la monstruosité du monde en soi, il est solide. D'ailleurs ce sont seulement les haut-le-coeur de ses hommes, l'inconscient d'une troupe de tortionnaires qui déconne grave, qui l'inquiètent. Son déchet principal en élu.

Certains disent que des humains peuvent perdre leur âme et sans même avoir besoin de l'artifice d'un pacte avec le diable. Le mal c'est leur pauvreté. Ils sont morts à voir ces regards effarés morbidement effacés et qui leur suggèrent qu'ils sont bien du Wahalla – leur Olympe Germano-Scandinave. Des dieux n'ont pas d'états d'âmes. Eux non plus. Logique.

***

À l'heure où je vois cet homme dans le magasin, ils n'ont encore peur de rien et certainement pas de la loi. Quand ça se saura, la carte du monde elle-même sera dévastée. Barrée. Rien de ce qu'ils voient ne les écoeure véritablement. À peine. Il y a même chez certains de la jubilation. Des risettes. Espérant tuer à la fin tous les témoins.
Les fêtes de Nuremberg montrent peu de pyjamas rayés. Et pourtant ce sont les fêtes d'un seul et même four. Au bout de chaque flambeau, de chaque flamme.
La croix gammée, un truc qui tourne et broie en pleine lumière. L'obscur jamais loin et s'en servir pour montrer un cauchemar auquel le NSDAP les invite. Les trois-huit de l'enfer des fours crématoires.
La mort supposée de leur Meneur les désarmera. Il devient l'initiateur. Le diaboliser les dédouane. Eux alors seulement aux ordres, et d'abord à celui d'un soi-disant serment. Leur loyauté jusqu'à ces os qui ont craqués comme des pépites au fond d'un puits, des cadavres desséchés par la faim et le mal.

La cérémonie de la chaise électrique ou celle de la chambre à gaz dans la grande Amérique reprend ce rôle de bourreaux irresponsables où chacun ne fait qu'un seul geste, ainsi tous seront disculpés. Seulement rouages.
On voit là comment la mauvaise conscience les taraude tous.
Ils l'envisagent. Principalement sous le regard de l'autre. Ensemble au moins ils ont raison, dans un monde aux couleurs de chiottes. Les animaux ne s'embarrassant pas d'euphémismes. On est « Chez nous ! Chez nous ! ». Et on y fait ce que l'on veut.
Heimat, la maison en allemand, mieux le foyer et ça résonne sacrément dans cette langue, je ne vous dis même pas. Ça peut vouloir être aussi la mère patrie. Ça ressemble à la nuit tombée quand cette mère raconte à sa famille des histoires des frères Grimm, avec les peurs de chacun et d'y être. Mais savourer pourtant d'être protégé dans ce monde d'amour qui chante et où les choses s'arrangent forcément au mieux, avec des gens qui restent sur le carreaux, comme dans tous les contes.
L'histoire de Hansel et de Gretel, des enfants abandonnés par leurs parents – la vraie mère, le génitrice en est l'instigatrice – qui avaient faim égoïstement ou dans un monde de crève-la-faim. Ils brûleront à la fin cette sorcière qui voulait faire d'eux un quatre-heure. Les gamins à la fin, après la mort de la vieille, de s'empiffrer de Forêt- Noire.
La langue allemande a des douceurs qu'on finira par oublier, ensevelie avec eux les nazis.
C'est le souvenir de ses crimes qui hante n'importe quel criminel et à chacun sa parano. Là il leur faudra finalement tuer tout les regards qui les désignent.
Ne jamais regarder un nazi en face.
C'est obligé, et tout les criminels sont ainsi. Un crime en entraîne une cascade pour tout les tueurs en série – un pléonasme. Comme si ça pouvait être autrement. Et tout les nazis le sont. Élevés à la criminalité. Au moins entraînés. Dans l'impossibilité de laisser une faille à leur mécanique. Pièces d'horlogerie en sang et en administrations du sombre, de papier et de cendres. Puisque les choses doivent se faire dans l'ordre.
Même la mort marche au pas de l'oie. Avec en vitrine les mouvements gracieux de gymnastique des belles jeunes-filles nattées de la BDE, la part féminine de la jeunesse hitlérienne.
Meurtre absolu et usiné quand le mot même sera vidé du sens, dévoyé, essoré de mal.
Ils finissent, à certains instants redoutés, par entrevoir la folie qui les anime. Et à laquelle il leur sera impossible d'échapper y participant. La forgeant.
Meurtres communs en moins de 140 signes.
C'est la mort qu'ils nient et pas le reste ? Juste pour avoir raison du monstre, du noir à ce qu'ils disent. Peut-être seulement pour ne pas basculer virtuellement du péché dans lequel ils sont déjà dans la réalité. On met le doigt dans l'engrenage et le bras a été emporté depuis bien longtemps. Mâchonné.
Les bourreaux ne pensent plus, ça risquerait de leur faire peur. Ça leur a toujours fait peur. Habitués qu'ils sont des parades ou qu'ils les fassent.
Leur cerveau peut marcher même avec un hémisphère en moins, croyez-moi, puisque le futur intéresse l'oiseau comme s'il le voyait.
Même sans hémisphères pour eux, ça a fonctionné jusqu'au bout. Ils se sont débrouillés pour bricoler une équation sans inconnue. D'eux il ne restera bientôt plus rien puisque la mort fait heureusement le ménage pour tous. Sinon un vide salement cradot et où le seul petit pois qui se baladait en eux, erre et se heurte, abandonné, gagne. Apeurés principalement.
Ils s'en arrangent en experts avec des détours qui font que Adolf Hitler finit, accomplit le monstre le plus dégénéré – et c'était possible – depuis que l'homme est l'homme. Un visage qui en douze ans d'âge est toujours plus monstrueux, plus flasque, et a gardé toutes les mines atroces qu'il s'est fabriqué devant une glace. On l'observera de toujours plus près. C'est un devoir d'Histoire.
Tout est vrai de ce je dis là – le miroir aussi – comme si j'avais pu prendre des notes sur l'avenir.
Les oiseaux ont leur calepin, ça s'appelle la mémoire.

Leur Meneur aura la cinquantaine bien moche, alors qu'elle avait pris jusque-là l'habitude d'embellir la gente masculine. Dix ans après, dix ans de pouvoir, douze presque treize, et rien ne lui sera plus renvoyé, en coquet complètement miro.
Une de ses mains s'agite dorénavant derrière le dos.
Sa dégénérescence soi-disant diabolique – quand il s'agit des débuts de la maladie de Parkinson – comme s'il semblait faire signe à un monde monstrueux qui lui échappe. Quelque chose qui se passe derrière, le derrière. Celui des apparences.
Le décor, leurs mensonges, leurs crimes, et tout ce boulot pour y arriver. Avec comme seule vraie priorité et pour tout les antisémites de cette époque, légions. Ils l'ont modelée cette haine. Édifiée, imprimée par le mec qui remet encore en place la mèche grasse nerveusement.

Tuer les Juifs comme il s'en est vanté en privé, et en public dans Mon Combat, et dont même Churchill n'ignore rien pour l'avoir lu. Antisémite à ses heures, il reste ahuri, horrifié par l'application de ce qui vit tout de même en lui. L'horreur est là. À quelques heures, entre chien et loup. Et en Allemagne, certains sont pétés de rire que personne ne puisse y croire qu'il le fera, qu'il le fait.
Des petits bouts de Thora brûlés sont conservés par des collectionneurs comme Monsieur Heinrich Himmler, ici-là, qui collectionnent pour plus tard. Comme les philatélistes reconnaissent certains timbres, à l'oeil. Et seront un succès prévisible surtout quand le pays qui les a frappés aura disparu. Spéculations mortelles.
Ils présagent d'en faire des archives, des musées de la civilisation juive enfin tuée par leurs bons soins, détruite jusqu'au dernier. Ceci étant prévu depuis la nouvelle éternité qu'ils vivent déjà. Sans Juifs et quel est le mobile ? À ce rythme là. Archéologie d'un cimetière.
La vermine primordiale avec leurs majuscules obligatoires. C'est là comme tuer Dieu – comme se plaît à le croire Herr Himmler avec d'autres, souhaitant revenir à un monde païen inventé mais qui les absout. Et éliminer les derniers restes, ceux du bien et du doute. « Juif » écrit sur une étoile jaune et avec la police de caractères des lettres hébraïques.
C'est à des subtilités comme celle-là qu'on peut voir les larges perspectives des humains. C'est le propre de l'homme, sans le rire. Pas tous, mais il y a de ça.
La dernière étoile dans un ciel qui depuis s'est éteint. Jusqu'à quand ?
De ces Juifs qui savent tous lire depuis à peu près 4000 ans, pas seuls mais tous (quand ce n'est pas d'ailleurs ce qu'ils prétendent, d'être les seuls). Alors que Hitler veut fabriquer un pays d'illettrés et en prend toutes les mesures jusqu'à la guerre, son leit-motiv, qui triomphera de tout et des rêves les plus noirs.
Éliminer les Juifs parce qu'ils ont un Livre avec le devoir ou parfois même le désir de le lire ? Ou pas. Mais peut-être là tout particulièrement, contre ceux qui beuglent. Ils enseignent et aiment ça.

Aimer surtout l'immense tranquillité de la lecture, déguisée en paix. La joie et la vérité quand c'est juste, au moins de lire.

Une éternelle discussion pour de vrai et pour comprendre.
Ils savent que chacun qui lit en fait au fond sa propre histoire et peut la partager en toute curiosité de celle des autres. Ils s'adaptent et échangent. Lettres postales, envoyées depuis les diverses versions du Livre suscitées. On gardera le meilleur et parfois dans le Talmud. Et ils ont tous raison si ils cherchent vraiment. Et leur apprend la vie, une tolérance suscitée jusque-là, pour beaucoup et pas encore colons.
Hébergés, toujours provisoirement. Ils apprennent des lettres si belles elles aussi, au milieu des cris et des guerres. À jouer avec comme s'il s'agissait d'une balle qui se passe des siècles durant. Pourtant ne pas chercher ni à convertir ni à soudoyer. C'est suspect pour beaucoup ou pour longtemps.

Hitler a décidé d'une telle horreur quand il s'agit aussi de tuer la pensée et pas des Juifs seuls, mais d'abord. L'avoir pensé. L'écrire. Le faire.
Ça tombait bien, d'autres y avaient réfléchi moins crûment depuis si longtemps, à part quelques cosaques décomplexés rassemblant et tuant déjà des Juifs de l'Est justement. Les nouant dans l'horreur de leurs pogroms-religieux comme des fétus.
Les shtetls vous seront bientôt un monde imaginaire, presque inventé. Pitchipoï la destination ignorée par ces Juifs cernés partout en Europe. Otages du pire terrorisme d'État. Lieu-dit qu'on pourra chercher longtemps sur la carte. Les nazis les ont détruit à tout jamais. Victoire totale d'une solution finale accomplie, après être venus à bout des dingues, tous en mission contre les indésirables.

Pour les fous avant la guerre, quand on leur a demandé d'arrêter de les tuer – ça finissait louche pour certains parents et certaines églises – ça tombait bien les médecins allemands et de toute l'Allemagne avaient quasiment fini le boulot. Ils achèveront ce travail personnellement, ce crime-là, à domicile, à l'officine.

En face du monstre, et toujours en face, c'est le luxe inouï, la tranquillité studieuse qu'auraient aimée vivre ces familles de cordonniers, de menuisiers et tout le reste. Villages entiers qui discutent au dedans et partout leurs textes. Y pensent. Parlementent entre eux parfois et se concertent toujours avec les autres à la boucherie ou au tabac. Des villages de Meshuggs qui jouaient au Rubik's cube bien avant vous. Il y en a même pour beaucoup qui se moquent éperdument d'être pauvres. Ils pensent et quelque soit leur rôle dans la vie. Liberté, égalité et fraternité, perdues pour toujours.
J'idéalise ? Je n'en prends même pas moi-même la mesure. Je reste un piaf. Tuer le Yiddish, un à peu près d'allemand qu'on lit avec des lettres hébraïques. Isaac Bashevis Singer vous en dira mieux que moi, il en sera un des conservateurs.

C'est cette noblesse même dont les antisémites croient en mesurer très exactement le lai, même quand il fait froid, même quand il faudra partir. C'est cette énergie intellectuelle qui se vit constamment, et leur donne ce désir de continuer j'imagine. C'est pas un mythe ? Non, ça existait mais c'est mort. Déjà.
Je sais moi le canari noir qu'il n'y aura plus jamais de villages de Juifs dans ce qu'ils appellent l'Europe. Plus comme ça et définitivement. Une tranquillité éperdue qui n'y croit pas. Toujours renvoyée. Là c'était la fin, un final puisque la moitié des Juifs d'Europe sont tués. En une rengaine, une ritournelle horrifiante.

La plupart des Allemands de ce temps conchient le monde entier et chacun en file indienne. Mon Combat offert à tout ces jeunes mariés leur sera profitable. De toute manière c'est un bestseller qui fait d'Hitler un millionnaire et rôdera jusqu'à plus tard et jusqu'aux confins de l'Orient aussi.
Là encore il aura gagné Hitler. C'est comme Machiavel, des livres qui importent des semblants d'idées à ceux qui n'ont qu'une illusion, le pouvoir.

***
À 54 ans il ne se voit plus leur Meneur, leur Dolfi, leur idole, leur amour caché, leur présente barbarie acceptée en son nom, leur juge qui sait la loi puisqu'il la fabrique au fur et à mesure, et la casse autant comme un code. Leur maître et leur amant. Le voilà en visage seulement trouble dans son miroir. Un visage d'adipeux décérébré. La myopie qui s'est mariée avec la presbytie l'aveuglent d'un monde qu'il n'a de toute manière jamais voulu voir, mais seulement démolir.
Il s'est toujours imaginé en playboy distingué surtout à l'intérieur. Capable de tout, au sens le plus extrême de cette expression. Jugez. Tout le monde peut se tromper. Pas lui.
N'avoir plus de limites, c'est peut-être ça surtout qui a séduit autant les Allemandes que les Allemands. Comme un seul homme devenu pouvoir. Des mots sont insuffisants pour y arriver à dire la vérité de cela. Ein Reich. Un phallus.

Alors le terreau qu'ils doivent préserver, c'est la misère. Et Staline et Hitler le sauront mieux que personne. La NEP ça n'a jamais aidé le pouvoir. C'est la misère qui sert la peur et les Meneurs. On ne mène pas par le même bout du nez des gens qui ont les moyens et le temps d'y réfléchir.
Avec une guerre permanente Hitler leur a définitivement cassé la cervelle à tous. Il était l'homme d'un cliché. L'homme qui a décidé, misé de dire ce que les autres pensent à voix haute. C'est brutal, improbable et fascinant. Éberlués les autres. Ils tanguent apeurés basculant dans l'hypnose.
C'est pas comme si tous ces chefs d'États ne l'avaient pas rencontré ni entendu. Hein ?! Il a seulement refusé de se rendre au rendez-vous de Winston Churchill qui l'a attendu en vain. Les quatre-vérités du « Père de la Nation », ah non !

Et ça finit par se voir les hommes qui sont des chiens. Des animaux impuissants de voir ce palais des glace dans lequel chaque être humain va se perdre, s'est perdu. La tête dans la vitre explosée. Cristal de vies brisées à présent, en ce moment.
Ils sont presque arrivés à tuer le monde et vont laisser une sacrée note. Soixante millions de morts à la louche. Sale salopette ensanglantée du minable.
Adolf Hitler sait tout ça. Ce mal idiot qui l'inspire, sa paresse qui a tellement d'imagination. Elle peut se construire des palais.
À la fin il erre avec cette sorte de marque d'un espèce de sourire hébété sur les dernières images publiques du Meneur, au sortir du bunker. En ogre atroce qui avalera les derniers enfants de Berlin. Cyclope abruti et défoncé.

***
Le bonhomme qui m'a regardé – on peut dire ça comme ça – a disparu aussitôt comme si déjà ça n'était pas vrai. Et c'est bien la première fois que quelqu'un – même s'il a mauvaise mine – se permet non seulement une station plus longue que ceux à l'air habituellement effaré, mais avec de surcroît le désir de me doubler. Désappointé.
Puis il revient souvent. Me faire cet honneur. Et il doit être gradé quand je vois le patron du magasin qui lui désigne pieusement les uns les autres.
Sans rien dire le bonhomme vient se poster devant moi un moment et puis s'en va. Pas rester si longtemps, mais bientôt régulièrement.
Il n'achète rien. Il est comme toujours en visite. Notre hôte de marque. Et pas forcément amical. On ne le comprend pas bien. Et le patron pas plus. Mais c'est comme si pour les humains les grades donnaient aussi le droit de se montrer maussade, indifférent, méchant pourquoi pas tout à la fois. Au choix des grades, au tri des appétits. L'unique « Herr Generalfeldmarschall... », le bras droit du Meneur, son titre répété à l'envie par le chef du magasin. Ce bonhomme qui ne cherche pas à plaire puisqu'il est habillé de pouvoir avec la tête de mort en pins.

Je me balance en l'observant quand il croit me voir. Les humains estiment posséder cette supériorité là aussi nous concernant, de prétendre nous comprendre, sûrs de détenir un savoir parce que c'est Eux qui nous observent. L'éthologie. Autre ethnocentrisme de nos dieux à vos images. Vaste programme.
On compare des pions avec des aigles. C'est absurde.
Je comprends finalement et pourquoi à deux au moins nous aurions pu être intéressants, si on avait été plusieurs. Je comprends oui qu'alors je n'aurai pas été seul à ne pas être visité. Mais peut-être pas plus estimé. À cette époque où tous se méfiaient de tout, entraînés à ça, ils ne pouvaient pas me voir.
Et si j'ai l'air d'insister sur le noir – qui m'est finalement naturel – c'est qu'il la porte cette couleur, l'audacieux qui se voit de ce noir-là, choisi. Uniforme spécialement coupé par Hugo Boss les mecs... ça vous parlera dans le futur?! Haute couture qu'est l'uniforme de ces patrons, de celui-là, dessiné pour faire peur, depuis des yeux vagues derrière des lunettes cerclées.

On peut même trouver de l'intérêt à des êtres que l'on va supprimer. C'est comme ça.
Car c'est quand il vient pour la deuxième fois que je remarque l'uniforme sombre qui le serre à la taille, comme en surpoids et le refusant. Déguisé avec ce sourire idiot de momie. Je le vois et c'est comme s'il essayait de lire dans mon oeil qui ne parlera pas.
L'oiseau ne regarde pas la même chose quand cet homme essaye de l'imaginer. Pas moi. Il y a d'autres uniformes aussi noirs que le sien. Je suis bien seul ainsi. Ça n'est pas du tout la bonne époque pour se distinguer.
Il y a noir et noir.
J'ai bien compris à la longue qu'il valait parfois mieux être ignoré en ces temps. Mon rêve de naturaliste me semble compromis chaque fois plus quand je vois arriver le bonhomme. Il ne s'intéresse qu'à moi.




Qu'est-ce qui s'est passé ?
J'ai vu le jour juste un instant.
Il n'y a pas si longtemps. Un trajet, une lumière même au travers du chiffon qu'ils ont posé sur ma cage. D'un point à un autre. Un enfermement et son retour mais ailleurs. La nuit et finalement une autre nuit.
Ici l'air semble aseptisé et comme en sursis, lui aussi éclairé de néon. Dans cette grande salle aux murs gris et comme peints à la hâte, comme cela restera de toute manière en travaux. Mêmes les échafaudages allemands sont monumentaux et leur provisoire durable. La pièce bien trop grande pour que je ne sente pas l'importance de l'instant.

Je sais dans ce silence. Comme si les oiseaux de notre ménagerie ne feraient plus jamais de cauchemars dans des sursauts criards. J'y suis dans son cauchemar à celui qui souriait d'avance. L'enfer d'ici est seulement dans une obscurité muette qui ne me concerne pas comme vous. Parce que je suis un canari, un vrai. Il m'a trouvé. Le mec qui a décidé de savoir.
Ce dernier test est un autre détournement. Avant l'heure H.
Il l'a mûrie toute cette affaire. Et c'est ce qu'il avait l'intention de faire comme je le sais depuis le début. Les intuitions de générations de canaris en moi. D'avant les mines, d'avant le froid, avec des rires de palmiers. C'est ma singularité qui l'a frappée pour mon malheur. Alors c'est aussi mon isolement.
Je suis génétiquement modifié comme aucun ne l'a décidé. Et avec le temps, je l'ai intrigué de plus en plus. Et sentais bien qu'il resterait aussi éloigné que le prochain trou noir.
Peut-être que dès la première fois j'ai su sans même remarquer l'uniforme. J'ai vu l'homme. J'ai vu l'enfant boulot au regard un peu vide. Et qui a du le chercher l'amour. Certains croient ne pas le rencontrer. Pas en eux-mêmes. Pas sans déguisements effrayants. Alors que si ils regardaient bien, ils se verraient s'agiter dedans leur uniforme à présent comme des automates du mal. Y être enfoncé dedans comme des clous sans têtes. Alors ils s'assomment de méchanceté. Se décrépitent donc vite.

Je suis dans un silence dont je ne me souviens pas. Quand j'aurai respiré tout l'air de cette salle qu'est-ce qu'il me restera ?
Des pommeaux de douche grimés de calcaire et farcis de poison bon marché.
J'entends seulement quelque chose en moi. Un vieux chant que cette obscurité et ma mission font naître. Et la peur. Pire que tout, pire puisque je suis le plus mauvais présage.
Je me prends à siffler sans l'avoir prévu. Comme s'il y avait eu de la lumière quelque part. Quelque chose qui serait aussi beau qu'une prière devant la tombe de tout les canaris et les autres qui sont promis à cette mort-là.
Chant silencieux et solitaire. La part obscure et nécessaire. À qui et à quoi ?
Un Kaddish de moineaux.
Canari noir et comme si je venais de nulle part. C'est atroce en ce temps-là, accablé, menotté de conformité.
Ils inventent des listes et crèvent l'imprévu comme un abcès. Ça ne pouvait pas durer, moi qui m'étais imaginé une fin bien plus idiote. Un coup de froid. Même là je sais cette impression d'être encore sous la surveillance zélée des petits yeux enfoncés et morts de Monsieur Himmler. Sans le voir. Lui qui n'a jamais rien fait d'autre que de m'envisager mort. Maintenant j'en ai la certitude. La preuve.

Des autruches ces nazis qui croient que s'ils regardent d'assez loin et enfoncés dans le sable, personne ne se souviendra.
La voilà la véritable raison de ses visites répétées. M'abattre. Tout comme n'importe quel criminel fait du repérage, comme on prémédite, ajustant sa haine. Et se laisser le temps de détester. En jouir.
Point trop n'en faut.
J'aime le chant qui restera mon dernier, mon seul voyage.
Je m'écoute et me rassure de cet air qui me prend du souffle, des points de vie. Je ne suis pas dupe.

Je les vois. J'ai traversé leur glace sans tain. Il y a le petit homme replet et c'est bien Heinrich Himmler comme sur la photo. À sa droite le bon Docteur Hirt chef de la Faculté de médecine du Grand Reich à Strasbourg. Un médecin de haut vol, celui qui se constituera la si belle collection de crânes de Juifs et autres malfaçons éparpillée dans les facultés de médecine allemandes et bien oui aussi au fin fond de l'Alsace. Avec Hirt en fantôme, comme elle voudra l'oublier, vite et bien. Comme le camp du Struthof qu'aucun Alsacien ne te fait visiter. Plutôt la montagne de singes.
Quand sera venu le temps des historiens et des archéologues de cette période, alors on apprendra le pire, pire que le pire. À la gauche de Heinrich Himmler, pas la vedette encore mais le deviendra, le Docteur Josef Mengele. Sinistre et emblématique figure des médecins nazis. Modèle. Un de ceux qui distribueront la vie ou plutôt le sursis et la mort à la rampe d'Auschwitz. D'entrée de jeu et aux portes des wagons. Encadré de bergers allemands.
Il ne sait pas encore qu'il mourra finalement bêtement. Une attaque en nageant. Pété de trouille se sachant bientôt rattrapé.

Là, ici ces trois là sont attentifs comme des soldats de plomb.
Ça y est, ils font carrière et date.
Ça commence. Le grand oeuvre de mort décidé au Zyclon B, un pesticide, une vieille trouvaille. Et qui se fabrique dans les usines chimiques allemandes de ces temps et n'est pas triste. Le profit jamais confisqué. Coup double d'avec la Pervitin, opium chimique distribué là-bas comme des smarties. Tenir le choc.
C'est dire les drogues puissantes qu'il leur a fallu et que la plupart des citoyens allemands ont légalement gobés un temps, avec bonheur puisque s'en était la pilule. Daesh et Captagon sont du même bord. Pas moins que les GI du Vietnam défoncés au LSD jusqu'à l'os.
Avec ces amphétamines, on peut rester éveillé parfois plus que 48h. L'horreur du front russe aussi est expliqué ainsi pour beaucoup. Gelés sur place et parce que cette drogue leur fait ignorer la peur mais aussi le froid. Gelés et sans défense.
Mais dans n'importe quelle situation les descentes sont atroces. L'Allemagne en ce temps-là, des zombies. Le voeu d'un homme. C'est improbable que cette histoire soit devenue aussi vraie, en un hyper réalisme aux grandes envergures.
La médecine elle-même s'en trouve gravement malade. La froideur de chairs sans vie qui enveloppent leur âme de mort.
Cela en plus des retraites au flambeaux, je veux dire leurs messes noires. Toutes les forces obscures mobilisées comme un seul homme qui a le bras tendu.

C'est au coeur et au cerveau que s'attaque principalement le Zyclon B. C'est là qu'il travaillera à faire mourir et pas instantanément. Assez vite mais pas assez pour ne pas comprendre à quoi on est réduit. Plus vite me concernant. Alors il leur suffira de faire des multiplications pour petits chimistes de l'essentiel. Leur évidence de poison. L'arsenic comme un standard et tuer comme pour être plus sûr.
Ce Zyklon B marchera aussi pour vos cultures d'après les Allemands et peut-être à d'autres encore à qui vous le marchanderaient, puisque rien ne se perd. Tout ça fomenté par d'excellents petits chimistes et avec sûrement les mêmes patrons. Contre la vermine, encore et nous intoxiquer à plaisir. Sans remords.
Comme si les paysans et les patrons jusque-là disaient tous au fond et au final :
  • « Sans rancune ? »
Des produits qui eux-mêmes ne seront pas maudits et le devraient. Ils traversent le temps comme le mensonge. Comme tous ces wagons à bestiaux qu'on n'a jamais peinturlurés, depuis votre présent. Ce sera donc si difficile pour la SNCF, la société de chemin de fer française quoi qu'on fasse de les peindre en bleu ou en blanc. Bataille du rail jamais gagnée, et ses chefs passés ou futurs, d'admettre l'horreur à laquelle ils ont participé ? Alors laisser en l'état et pour quel souvenir ? C'est à ce prix votre mémoire ? Il vaut mieux ne pas s'en rappeler et laisser en l'état. On n'a jamais vu taguer tous ces trains rouge-crasse. Sang.

J'en suis loin là maintenant. Voilà qu'on m'a organisé une inauguration.
Pas d'expérience sur l'homme sans au préalable l'avoir testée sur l'animal. Humour nazi.
C'est scientifique comme tout les protocoles. Mais aussi comme si le Feldmarechal avait voulu faire ça en grand, en mystique, en bonne blague. Un choix de plus. Il adore ça Himmler et eux tous, déjà en jeu de rôles. Ce qui leur donne comme des galons de mystères et des épaulettes de grand prêtre. Une murder-party.
Le canari noir et son sacrifice. Bien sûr.

On ne multiplie pas la faille, on s'y engouffre pour jamais. Après tout est considéré.
Et suivant le protocole encore, on testera le gaz "mortel" – les nazis ayant d'ailleurs détraqué à dessein son parfum pour le rendre inodore. Tricher bien sûr et jusqu'au bout. Des mensonges barbares et brutaux comme s'il en pleuvait.
Viendront les derniers essais sur les sous-hommes avérés. Ceux dénommés indésirables, c'est à dire les 150 000 handicapés mentaux principalement et à peu près en cobayes pas encombrants, avec un accord de médecins à médecins. Comme il me faut le redire.
Eux poursuivant cette même ligne de la science qui a l'air de rendre accro comme n'importe quelle autre ligne. Comme on teste les médicaments sur des tribus du moyen-âge ou des pays d'Amérique Latine, sur la vie de nécessiteux.
Là aussi les familles pour la plupart vont se taire pendant et après, honteux et de qui ? Ils les prendront ces enfants, dans de grands autobus gris aux fenêtres opaques comme celles des limousines.
Personne n'a entendu leurs cris. C'était charitable. Ils ont prescrit la mort.
Et juste après, en plan plus large, leur logique de vermine principale visera les Juifs. Le meurtre primordial. Initial. Comme si Hitler cherchait sa place dans le livre.
Non, il rêvait que Mon Combat soit un évangile de plus. Il les a fait brûler aussi comme si Gutenberg ne devait pas avoir non plus existé. Il a fabriqué lui seul un pays d'illettrés. C'est ça sa promesse, tout ces livres qui brûlent.
Les étudiants les jettent au bûcher en criant les noms de ceux mis à l'index : « Mann ! », « Freud ! », « Zweig ! »
Leur Meneur leur donnera des sous-livres où tout sera fleuri et mort.
Ils parviendront à six millions de Juifs morts tués jusqu'aux dernières minutes de leur horloge atomique, celle de l'année 1945.
Obsession qui en rassemble beaucoup d'autres. Ralliement d'une jalousie imbécile. Désignée, explicitée dans Mon Combat et pas qu'un peu. Avec un chapitre dès le début du torchon dont le titre est : « Comment je suis devenu antisémite ». Dans la table des matières ça y est. Lire tout, un marathon idiot.
Personne qui reçoit ce faux-livre, qui l'ouvre et ne lit que le début, lit ça. Ne peut pas ne pas tomber dessus. L'antisémitisme bonhomme.
Qu'est-ce que vous en retenez en ce temps-ci ? Après à chacun de savoir s'il peut ou doit lire dans le reste du livre.
Survolez simplement toutes ces villes effondrées comme des tombes. Vues du ciel.

C'est un devoir essentiel, tuer le monstre-juif. Une promesse si tordue et à quel dieu ? Qui en inspirera tant, comme une vieille manivelle qu'ils font tourner à un rythme soutenu, jusqu'au dernier souffle de leurs empires. Pogrom à taille industrielle. C'est ce qu'il restera de moins à faire pour de futures peuplades. Il n'y aura pas de bataille de chiffres. Mais l'addition qui me coûtera de ne pas faire entrer dans les mathématiques. Labyrinthe en laboratoire aussi du monstrueux.

***
Je suis à terre et il ne me reste plus que quelques battements qui résonnent. De petits mouvements d'ailes, des soubresauts. « Flap... Flap... » Je suis dans la cage d'une cage. Ils ne m'ont même pas laissé voler. Même pas là, même pas à la fin.
On sait les oiseaux échappant de la cage et se cognant ne mesurant pas l'espace puisqu'ils ont été trop longtemps enfermés, quand ça n'est plus leur habitude et même quand ça l'a été. L'espace n'est pas un vain mot.

Des hommes comme les autres, voilà ce qu'ils sont.
C'est ce qu'ils sont là maintenant et à tout jamais. Des gens qui ne portent pas un espèce de stigmate du meurtrier. Ce serait trop simple. C'est ce que les foules viennent voir chez les coupables, pour observer ce qui les différenciera d'eux. Souvent déçus. Heureux de pouvoir hurler : « A mort ! »

Alors voici donc messieurs les Docteurs Himmler, Hirt et Mengele. De sacrés chercheurs qui sans le nazisme ou avec... La médiocrité a sa place en tout. En médecine aussi. Et elle tue comme les mines ou le front.
Ça paraît insupportable à entendre pour le monde médical. Tout ces médecins nazis qui resteront des médecins de famille même ou surtout après guerre. Ayant reçu seulement une petite semonce à Nuremberg. Il serait resté sinon si peu de médecins en Allemagne qui n'auraient pas été encartés.
Autant de mensonges, de tromperies et de viols au moins de cerveaux observés souvent à ciel ouvert et qui n'excusera personne et rien. Personne ne sera excusable. Jamais. Aucun.
Et pour tous, ceux sur place devenus ou restés des soi-disant médecins d'avant le serment d'Hippocrate, lui dépouillé à son tour et de tout. Du temps où ils mangent les plaies. Là c'est ainsi.
Trois bonhommes qui regardent et qui par ailleurs vivent de petites vies, le meilleur camouflage. Cachant leurs forêts de fantasmes de morts si intenses qu'ils partagent, qu'ils réalisent et dont ils ne sortiront plus. Ils continueront d'exercer leur fascination, en Allemagne ou ailleurs.

C'est fini.
Le chant est en moi et n'en sortira plus. Siffler en mourant. Siffloter en soi.
Je suis devenu la musique même. D'un temps de vie ou d'un temps ignoré que j'ai pu imaginer, préserver même dans le magasin où ça puait.
Imaginez la beauté, cette autre chose qui sent le lilas ou les blés et s'oublie de musique. De dessin. Pour d'autres temps. Quand l'air sera respirable. Il va falloir attendre, et s'économiser.

Quand les gens pourront se voir – puisque là ils ne le peuvent visiblement pas – il vaudrait mieux essayer d'imaginer autre chose que le pire.
Un monde où on ferait autre chose que de ne pas pouvoir se blairer. Inventer des ravissements, connaître des bonheurs, même éphémères. C'est mon chant qui s'essaye à le dire, pour quand ils cesseront d'imaginer autre chose que cette peur idiote qui les rend tous si méchants. L'animal n'a pas les mêmes états d'âmes.
Une vie brève, c'est les hommes que ça concerne.
J'espère que quand le prochain canari noir naîtra, et comme moi par hasard, le monde aura pris goût à l'aventure. Il ne faudrait pas que cela se reproduise.
Dans mes notes il y a aussi une prière d'éternité.
Écoute...